J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'engouement pour cette série.
En commençant, je m'étais dit : " ouais, enfin un bouquin qui parle de mercenaires ! Et pas d'un classique reitre désabusé marchant en solitaire dans le soleil couchant, prêts à aider veuve et orphelins au passage, de toute une compagnie ! " Voilà qui offrait des perspectives originales et assez vastes, surtout que le narrateur était très crédible dans le registre guerrier désabusé. L'aspect "mémoires de guerre" promettait également une façon originale de présenter le groupe et l'intrigue, entre le côté rapport officiel pour les membres futur, et l'aspect personnel du chroniqueur, qui connait ceux dont il parle.

Le problème ( ou en tout cas, l'un des problèmes, pour moi ) est que ces deux aspects sont joyeusement négligés par l'auteur ! De la compagnie, on ne connaitra que quelque membres, jamais plus d'une douzaine. Rien ne sera dit sur la façon d'agir du groupe, sur sa composition. Cela serait compréhensible si le principe du journal de bord était resté, mais ce style d'écriture est très vite abandonnée, au profit du point de vues d'autres personnages, ou à de la narration basique dont on voit assez peu l'intérêt dans une chronique. Au final, l'intrigue est à la fois desservie par l'absence de détails propre à un récit quotidien, ce qui donne un ensemble très fouilli, et par la disparition progressive, justement, de cette impression journalistique, qui décrèdibilise le tout. Le style lui même finit par devenir carrément confus ( ceux qui ont lu le tome 7, vous me comprenez surement ^^ )... Et l'idée de base ( le mercenariat ) passe pratiquement tout de suite à l'as, la compagnie se retrouvant bien vit embarqué dans un combat contre les forces de l'oppression pour sauver le monde des vilains. Au final, la compagnie noire ne doit se faire véritablement engager que deux fois, et pour des durées très limitées. Je dois donc avouer que cet aspect m'a assez déçu, mais peut être plait il à d'autres.

D'accord, Toubib est un super personnage, je ne peux pas dire le contraire. Il est caustique, malin, brave, simple, bref, il a la classe. Malheureusement, c'est, avec Volesprit, l'un des seuls personnage auquel je me suis attaché. Corbeau et Madame ont certes également des personnalités travaillées, mais ils font presque figure d'exception. Les autres ne sont malheureusement guère fouillés, voir carrément transparents. Les Asservis en particulier, et pourtant, les sept savent si l'idée était bonne, passent et disparaissent sans présenter jamais de caractéristiques particulières. Le Boiteux est méchant, certes, mais encore ? Le Hurleur hurle, tant mieux pour lui, mais bon... Au final, ils ressemblent plus aux boss de niveau d'un jeu vidéo : certain ont un bon design, leurs noms claquent, mais ils n'ont absolument aucune épaisseur. D'autres personnages sont encore sembables à des esquisses de ce qu'ils auraient pu être, que ce soit Qu'un Oeil le mage roublard, Saule Cygne le dragueur, ou Mogaba l'inflexible... Encore une fois, ils tiennent plutôt un rôle dans l'intrigue, à mon sens, qu'ils ne figurent de vrais caractères.

Le monde est flou. Vraiment. On connait bien quelques noms de ville, mais à part ça, toute la dimension géopolitique est ignorée. L'empire de la dame, comment tient il ? Quelle est grosso modo la culture des peuples qui y vivent ? A quoi ressemble l'architecture des divers lieux traversés ? Aucune de ces questions ne trouvent vraiment de réponses, tant on saute vite d'un champ de bataille peu décrit à un autre. La description des paysages en pâtit particulièrement, au point qu'à part pour les livres du Sud, je serais bien incapable de dire à quoi tout ces pays peuvent bien ressembler. On est presque soulagé quand l'auteur daigne parler un peu longuement des plaines de la peur.

L'aspect magique est lui aussi très basique. Ca se résume généralement à du shazam-t'es-mort, à moins que Gobelin et Qu'un-oeil se disputent, auquel cas on aura droit à divers effets assez divertissants, mais qui donnent vraiment une vision banalisée est incertaine de la magie. Incertitude renforcée par la mort en deux temps trois mouvements de certains des terribles asservis, annoncés come les plus puissants sorciers venus d'un age sombre, et périssant pourtant pour un oui ou pour un non, sans parler du fait qu'ils peuvent être remplacés sans problèmes. Ca ne rend pas très crédible, d'autant que certains autres sorciers semblent avoir un accès quasi illimité à la magie sans raison précises. Il ne semble y avoir aucune règle inventée par l'auteur dans ce domaine, à part le bon vieux coup des noms.

Des rebondissements... décevants. Découverte par hasard de l'élu dans un trou perdu, personnage mort mais en fait non ( très, très souvent, et pas subtilement du tout ), compagnie détruite je ne sais combien de fois, au point que ça en devient lassant, des incohérences, des flous, des oublis... L'intrigue, à base de pouvoir ancien qui vient embêter le monde et de sorciers ambitieux, se révèle au final assez banale.

Noirceur que je cherche encore. La compagnie est plutôt composée ( pour les membres connus ) de braves gars, les batailles ne sont quasiment pas décrites, le seul élément gore vient des différentes forme de magie, parfois utilisée de façons assez trash, et de divers massacres de masse. On peut aussi parler de la mort de pas mal de personnages importants, surtout vers la fin de la saga. Mais on en trouve tout autant ailleurs. Le trône de Fer, par la subtilité de ses personnages et ses descriptions ultra réalistes des sévices possibles, est à mon goût beaucoup plus "Dark Fantasy" que la Compagnie noire.

Enfin bref, pour une saga qu'on disait égale aux plus grandes, je reste sur ma faim. A nôter quand même que le tome 3, de par sa structure plus linéaire et mieux construite, est largement au-dessus des autres tomes. Mais bon, ça reste tout à fait dispensable, pour moi.
Kevan
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le 29 sept. 2013

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Kevan

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