Le psychologue de Zeno lui conseille un exercice simple : consigner ses souvenirs dans un petit carnet.
C'est l'occasion pour Zeno de se perdre dans les méandres de ses propres souvenirs, de ses pensées et de ses projets.
Bien plus qu'une fresque sociale ou une description d'une guerre à venir, Svevo démontre ses dons de philosophe, dépassant toutes les prétentions psychologiques possibles.
En effet, à travers cette capacité incroyable qu'a Zeno de se connaître, de se comprendre, de s'analyser avec la plus grande finesse et la plus grande précision - au point d'en devenir par moment complètement hypocondriaque, névrosé et même ridicule - ; se dévoile le talent de Svevo pour pénétrer l'âme humaine, et en déceler tout autant sa grandeur que sa petitesse, et montrer sans honte l'humour humain comme sa mesquinerie, ses vices comme sa vertu.
Mais, à ces capacités hors du commun de pénétrer l'âme humaine au point d'en révéler les rouages les plus minimes, les secrets les mieux gardés, et les fantasmes les plus inavouables, Italo Svevo mêle un véritable talent dans le style. Car malgré sa consonnance psychologisante, La conscience de Zeno est un véritable petit bonbon : un plaisir à lire tant l'écriture est légère, riante, déliée ! Zéno est un personnage drôle, avec de l'humour, et une véritable capacité d'auto-dérision qui donne envie de retourner au livre à peine posé, d'en reprendre la lecture, de se familiariser toujours un peu plus avec ce personnage si humain et donc parfois si détestable.
Pour le dire encore autrement, Svevo c'est un Proust qui a de l'humour.