Par son ampleur, la virtuosité de son style, la densité et l'épaisseur de son intrigue comme de ses personnages, La Conspiration des ténèbres mérite parfaitement d'être considéré comme un chef d’œuvre - quand bien même ce genre d'avis reste très subjectif et est à prendre avec des pincettes (oui, même quand c'est moi qui le dis).

Pour ceux qui connaissent, ce roman m'a souvent fait penser à L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, mais en beaucoup plus littéraire, et en prenant le cinéma comme sujet. Avec une sensibilité et une curiosité beaucoup plus européennes qu'américaines, Roszak propose en effet une immersion dans les eaux profondes du cinéma d'art et d'essai ou du cinéma d'auteur, convoquant pêle-mêle Orson Welles, Belmondo et Signoret, Louis Malle, le cinéma expressionniste allemand...

L'élaboration de l'histoire est si convaincante que Roszak parvient à rendre l'existence de Max Castle, le cinéaste maudit, plus réelle que celle de bien d'autres réalisateurs existant ou ayant existé. Il donne forme à tous ses films, à sa technique, à son art de metteur en scène, en particulier son rapport au "flicker" (titre original du livre), ce scintillement fugace qui se dessine parfois sur la pellicule et dont Castle poursuivait la quête obsessionnelle.


En revanche, pour bien apprécier ce roman, il vaut mieux être prêt à prendre son temps et ne pas l'aborder en pensant qu'il s'agit d'un thriller, contrairement à ce que semblent prétendre le médiocre titre français et la couverture tape-à-l’œil de l'édition de poche. L'un et l'autre s'expliquent par le fait que le roman a été traduit en France au moment du phénomène Da Vinci Code, poussant l'éditeur de Theodore Roszak à essayer de surfer sur la vague en dupant purement et simplement les lecteurs. D'où une réception parfois mauvaise du livre, qui n'a pas grand-chose à voir avec les délires mystiques de Dan Brown.

Quand on sait qu'il n'y a pour ainsi dire aucun meurtre, on voit mal comment on pourrait lui coller une étiquette de thriller fatalement réductrice pour un tel roman, et qui ne rend pas justice au travail phénoménal de Theodore Roszak.


Si, en revanche, vous avez envie d'un roman bien écrit, brillant, prenant, érudit sans être écrasant, et d'une bonne histoire sur fond de cinéma, ne cherchez plus : vous l'avez trouvé.

ElliottSyndrome
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le 1 mars 2023

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