Dernier acte de la trilogie de "l'histoire des Treize".
Des trois romans lus à l'adolescence, "la duchesse de Langeais" était celui qui avait le plus fouetté mon imagination. Mais "la fille aux yeux d'or", est le roman qui m'avait le plus troublé … Je me souviens encore du moment où j'ai compris de quoi il retournait…
D'abord, il y a cette description féroce d'un monde parisien, "un enfer" selon Balzac, "qui attend son Dante", en cercles sociaux mais aussi moraux … On observerait presque une discontinuité entre ces cercles qui sont pourtant complètement interdépendants pour aboutir au final à une espèce d'homme parfait, un Adonis, Henry de Marsay, pourtant enfant naturel d'un grand libertin Lord Dudley … Eduqué par un ecclésiastique, très politique, bien cynique, bien dépravé, taillé pour devenir cardinal, le voilà paré pour affronter le tout Paris et séduire, séduire et encore séduire …
Et puis il y a le conte cruel de la rencontre avec cette Paquita, aux yeux d'or, étroitement gardée dans l'hôtel mystérieux aux allures orientales d'un aristocrate espagnol, voisin de la propriété Nucingen. Paquita d'origine asiatique, géorgienne ou espagnole, on ne sait pas trop, accroche notre Henry dans une idylle follement romanesque. Les délices inouïs mais clandestins que vont goûter les deux amants laisseraient penser aux charmes vénéneux ou capiteux d'une courtisane experte.
Spoiler : tandis que ce n'est pas sans étonnement que De Marsay découvre "une fille aux yeux d'or, vierge mais certes pas innocente".
Je n'irai pas plus loin dans l'évocation de l'intrigue et de son dénouement tragique. La relecture de ce roman me ramène toujours à l'époque où je l'avais lu pour la première fois, me laissant l'impression durable d'un romantisme sombre et cruel. Le signe du bon roman.