Petter, le héros et narrateur de ce roman, a une imagination dont la source est intarissable. Et cette source se mue en ruisseau, rivière, fleuve, mer, océan. En effet, son gagne-pain consiste à vendre les fruits de son imagination sous la forme de synopsis à toutes sortes d’écrivains.
Ce roman est donc bien un nouvel opuscule à rajouter à la rangée roman du roman de votre bibliothèque, à côté de Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino ou encore Paludes et Les faux-monnayeurs de Gide.
Gaarder, connu et reconnu essentiellement pour son Monde de Sophie, ne surprend pas vraiment dans ce roman où il allie toujours narration romanesque et explications didactiques. Cette fois, il se penche sur la mise en abime du roman du roman. La lecture reste fluide et on parvient sans peine à assimiler les considérations philosophiques qui jalonnent notre lecture.
Mais il me semble qu’il relève la gageure avec moins de brio et d’étincelle que dans son œuvre phare. Peut-être est-ce dû à la comparaison à son livre-sémaphore et qui ne pourra par la suite que nuire au reste de son œuvre : comment réitérer l’agréable surprise et le bonheur de lire un livre comme le Monde de Sophie ? Toute lecture d’un nouveau roman de Gaarder n’est-elle pas irrémédiablement destinée à la déception ? A contrario, cette ancienne lecture m’avait tant apporté que je suis enclin à un peu de commisération.
Si maintenant on compare La fille du directeur de cirque au livre de Calvino, la lecture de Gaarder semble bien falote : le thème développé tout le long du roman correspond au plus à un petit chapitre chez Calvino. Et Calvino pousse sa réflexion et le paradoxe bien plus loin.
Si le thème développé ici est plus restreint et moins dense que chez Calvino, il a au moins une étoffe romanesque indiscutable qui le rend agréable à lire. Au difficile jeu d’équilibre entre considérations philosophiques et narration romanesque, Gaarder a très nettement penché d’un côté. A trop vouloir simplifier, ne serait-ce pas devenu simpliste ? Je n’ai pas encore statué … N’est-on pas parfois trop exigeant pour ce qu’on aime ?
Malgré tout, je reste sur une impression finale plutôt positive et recommande cette lecture sans restriction.

Créée

le 11 mars 2015

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