Disons-le directement: ceci n'est pas du Frank Herbert. On retrouve son souffle créateur et ses idées entre les lignes mais on est très très loin de la réflexion et du questionnement "fin" du créateur de cette série mythique.

Le bas blesse à plusieurs niveaux et, n'ayant pas envie de m'étaler sur le sujet, je ferai succin :

1. L'écriture est propre mais faible. Ça se lit facilement mais sans grand bonheur; le plaisir de lecture gâché par le soucis de tout expliquer et définir platement pour être certain que le lecteur comprenne. Avec force redites et resucées (le livre pourrait être 2 fois plus court au moins). On dirait presque une synopsis pour un blockbuster hollywoodien : pas de quiproquo, pas d'embrouilles, des développement simplistes et des retournements tellement gros qu'on les voit annoncés dès les premiers chapitres.


2. L'enjeu de la définition du soi, de l'être pensant et aussi celle de l'humanité, si cher à Frank Herbert, est forcément présent mais sans aucun risque - il est présenté mais pas développé. On se noie dans des pré-requis simplistes, on s'embrouille dans des détails pour délaisser les enjeux véritables et pour finir on rate le coche... Les humains c'est l'amour et l'imprévisibilité, les machines l'esclavage et la maximisation. Et on ne va pas plus loin. Une honte au regard de l'ensemble de l’œuvre du maître. Je pense que l'écrivain manque de profondeur voire même d’intérêt pour la chose humaine pour en devenir intéressant.

3. Expliquer tous les éléments de Dune jusqu'à l’écœurement... ce n'était pas une bonne idée. Ça titille l’intérêt du fan au départ mais ça en devient vite lourd et démontre encore une fois que la volonté était purement formelle et peu axée sur le contenu.

4. Toutes ces ficelles rapides (Harkonnen le gentil, Atréide le mauvais), ces personnages dans des ornières... ça fout les boules. Et les robots sont en dessous de tout: aucun enjeu sur l'immortalité, sur la distorsion être-machine des cymeks, Omnius qui est affligeant de bêtise et de brutalité. Le seul personnage qui aurait pu être intéressant, le robot Erasmus, n'est au final qu'un concentré de déviances arrêtées - car les robots sont mais n'évoluent pas dans cet univers mal écrit.

Bref... j'arrête mes doléances. Mal écrit, mal pensé, sans aucune philosophie ni psychologie, sans engagement personnel, sans prise de risque et sans enjeu... à part peut-être celui de faire du fric avec le nom du père.

Dommage, il y avait 1000 fois matière à un bon moment d'anticipation. Et l'on se serait contenté avec bonheur d'un travail honnête sur les notes de Frank bien loin de ce festival pétaradant et quasi hors-sujet.
Fredk
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le 4 déc. 2014

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Fredk

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