Impressionnant, passionnant, et... terrifiant !

Après avoir avalé "La nuit est tombée sur nos âmes" de Frédéric Paulin, qui racontait sous forme de roman les événements de Gênes en 2001, j'ai décidé de lire la trilogie du même auteur :

- La guerre est une ruse,

- Prémices de la chute,

- La fabrique de la terreur.

Série qui a été multi-récompensée, notamment à Quai du Polar en 2019, et en décrochant le Grand prix de la littérature policière en 2020.

Le pitch est saisissant : on suit un agent de la DGSE, mi-français, mi-algérien, Tedj Benlazar au cours des événements qui ont frappé l'Algérie et la France entre 1992 et 1995. Tous les événements sont véridiques, et bien des personnages cités sont réels, mais l'histoire est romancée.

L'art de l'auteur est d'avoir créé une ambiance digne des meilleurs thrillers d'aujourd'hui, en s'appuyant sur la réalité et sa violence, tout en nous éclairant sur le déroulement des faits, sur les enjeux politiques et en nous développant une partie de l'histoire de la France et de l'Algérie.

Tout commence avec la prise de pouvoir des islamistes à Alger, après la création du FIS et du GIA. Puis, on suit les évolutions, la mise en place de la terreur, qu'elle soit du côté des militaires ou du côté des islamistes, et on déroule le temps jusqu'aux attentats sur le sol français, commis en 1995, avec Khaled Kelkal. C'est remarquablement fait et c'est passionnant, bien qu'une petite lumière allumée dans notre tête, nous indique sournoisement que le pire est à venir. Ce que je verrai en lisant la suite "Prémices de la chute"...

Il faut d'abord s'accrocher pendant une bonne centaine de pages pour bien assimiler les rapports entre les individus qu'ils soient algériens ou français. Et les noms de lieux, de quartiers, de villes ou de régions compliquent la compréhension pour qui n'est jamais allé en Algérie. Mais un coup d'oeil sur une carte et tout rentre dans l'ordre...

C'est un excellent roman mi-thriller, mi-espionnage qui nous aimante par la force de ses propos. Le style est direct, loin du Goncourt, mais bigrement efficace.

Et Tedj Benlazar, cet homme torturé, ambigu, sensible, à l'intuition efficace, nous porte au fil des événements en nous distillant une émotion et un suspense accrocheur, jusqu'à cette vérité troublante et presque inquiétante.

Ce premier épisode est remarquable...

A lire pour bien comprendre cette période et ce qui nous a marqués, entre 1992 et 1995...