Le classicisme a parfois du bon et le simple désir d'un auteur de délivrer une histoire palpitante à ses lecteurs, sans artifices superfétatoires ni colifichets narratifs fait du bien en ces temps où les écrivains aiment à complexifier jusqu'à plus soif la forme de leurs récits. La maison dorée se présente comme la suite de Miniaturiste, 18 ans plus tard, et il n'est nul besoin de connaître le roman antérieur (quoique cela aide un peu) pour apprécier le style limpide de Jessie Burton, au service d'une histoire qui tient en haleine, avec un twist, comme on ne disait pas encore au début du XVIIIe siècle à Amsterdam, imparable et follement romanesque. L'autrice a soigné ses décors et ses costumes, nous faisant toucher du doigt tout ce qui faisait l'essence et la vacuité de la bonne société du grand port néerlandais. L'être mais surtout le paraître, tout n'y semble que vanité humaine. Autre atout du livre : ses personnages, les deux principaux, notamment, une jeune femme de 18 ans et sa tante, avec l'étroit parallèle entre leurs existences respectives, avec la distance temporelle. Mais là où la romancière excelle encore davantage, c'est dans sa manière de conduire un récit, en alternant phases psychologiques ou descriptions avec une action qui s'emballe soudain au détour d'une page, nous faisant palpiter le cœur presque aussi vite que celui de ses héroïnes. Y aura t-il une suite à La maison dorée ? Ce n'est pas impossible. Elle ne pourrait qu'être d'une flamboyance tranquille comme on en a pris l'habitude avec Jessie Burton. Il faut bien avouer que ce serait, pour tous ses lecteurs, l'ananas sur le gâteau, si vous veuillez bien excuser ce clin d’œil à l'un des "protagonistes" inattendus de ce délicieux ouvrage. Au grand dam d'Amsterdam ?

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le 10 mai 2023

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Cinéphile doux

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