Au début de l’année, j’ai de nouveau regardé la saison 1 de la série Westworld, probablement l’une des meilleures saisons de série que j’aie jamais vue. Dans l’épisode 3, le docteur Ford (magnifiquement incarné par le glaçant Anthony Hopkins) explique que les premiers androïdes du parc avaient un esprit bicaméral, c’est-à-dire qu’ils entendaient leurs lignes de code sous la forme d’une voix extérieure et impérative résonnant dans leur tête. Ayant été complètement fasciné par la série, je me suis renseigné sur Internet : quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai constaté que la théorie de l’esprit bicaméral existait !
En réalité, la théorie de l’esprit bicaméral n’a rien à voir avec la cybernétique. En effet, il s’agit d’une hypothèse sur l’origine de la conscience développée par Julian Jaynes, un psychologue américain diplômé de Yale et d’Harvard. Jaynes a exposé sa théorie dans un livre que je me suis empressé d’acheter, et qui est l’objet de la présente critique : La Naissance de la conscience dans l’effondrement de l’esprit bicaméral.
L’hypothèse bicamérale postule que l’esprit humain n’a pas toujours été conscient au sens où nous l’entendons aujourd’hui et que dans des temps pas si éloignés, il était encore divisé en deux parties, une qui « parlait » et l’autre qui « écoutait » et obéissait. L’essentiel du livre de Jaynes est consacré à la recherche des preuves permettant de confirmer cette théorie. Les indices sont multiples : non nécessité de la conscience pour formuler des concepts ou apprendre, organisation physiologique du cerveau, artefacts archéologiques, analyse de textes anciens (comme L’Illiade, L’Odyssée ou la Bible). Si l’ensemble ne forme pas un tout absolument convaincant, il a réussi à m’instiller un doute et ce même si la théorie bicamérale est aujourd'hui rejetée par les chercheurs.
Les points perdus dans ma note (7/10) correspondent pour l'essentiel à des frustrations de ma part concernant certaines parties que j’ai trouvées pas assez détaillées (on a l’impression que l’auteur a manqué de temps et/ou de volonté pour creuser tous les sujets). La traduction m’a également agacé dans la mesure où elle comporte des fautes basiques de français. Cela ne m'empêche pas de conseiller ce bouquin à quiconque s’intéresse à ce qu’il a dans la tête : sa lecture m’a permis de comprendre la conscience (qui n’est pas nécessairement ce que l’on croit, cf le titre de cette critique) et il est très intéressant voire passionnant par passages.