La Nuit du Destin de TBJ « vaut mieux que mille mois » ?

On retrouve dans ce Prix Goncourt de 1987 les ingrédients de la littérature dépaysante, parfois enchanteresse, souvent crue et irrévérencieuse de Tahar Ben Jelloun qui a dû séduire le lectorat de l’époque. Les thèmes chers à cet auteur marocain sont bien en place dans ce court récit : poids des traditions et coutumes sur les individus, affirmation de soi et difficulté de ne pas être/faire comme les autres, sentiments, désirs, destin, espoir…
J’en ai toutefois eu une lecture plutôt brouillonne et peu entrainante même si j’en retiens un certain nombre de références littéraires variés :
- 1/3 du récit, Les Mille et Une Nuits (IXème siècle) : p.33

Un cavalier en gandoura bleue du Sud traversa le cimetière sur sa jument. Il avait l’air de chercher quelqu’un.

• 2/3 du récit Le Liseur (1995), de Bernhard Schlink, qui bien que postérieur à La Nuit Sacrée traite avec la même approche un amour que tout oppose et qui est le fruit d’un passé trouble. P. 111 :

Pour la première fois je marchais dans la rue en tenant un homme par le bras. Apparemment nous formions un couple normal. Un homme et une femme marchant dans la rue. Il n’y a là rien d’extraordinaire.

• 3/3 du récit Le Vagabond des étoiles (1915), de Jack London : p.134

Je ne désirais plus que ce sommeil, peuplé de personnages qui continuaient de vivre en moi comme si j’étais devenue leur dépôt, l’âtre et la crypte où ils tapissent durant la lumière du jour. Mais dès que je fermais l’œil ils accouraient de partout allant jusqu’à me reprocher ma longue absence. Je riais et je poursuivais avec eux les aventures commencées dans d’autres époques.

De trop rares passages sont vraiment beaux : p.133

Mes pensées s’enracinent dans une forêt crépusculaire où vous êtes pour le moment captive. Mon cœur est un banc de pierre couvert de feuillage, posé sur le chemin pour la halte et le repos. Le hasard ou le vent vous y ramènera. Je vous attends. A tout à l’heure.