Récit de voyage à 5100 mètres d'altitude

Le roman de Sylvain Tesson est d'un genre particulier. Récit de voyage ? Traité de philosophie sur l'Humain et la Nature ? Prose poétique ? Journal d'un aventurier ? Sommes-nous obligés de lui coller une étiquette, après tout ?


La Panthère des neiges, de Sylvain Tesson, sera ce que vous voulez qu'elle soit.


Pour moi, elle a été une pause dans le quotidien, dans la routine de travail, une échappatoire dans le confinement annuel et répétitif.


Avec authenticité et une certaine proximité avec son lecteur, Sylvain Tesson nous embarque dans ce voyage, dans lequel il a été lui-même soudainement embarqué par le célèbre photographe animalier, Vincent Munier. Le récit est court, pas vraiment palpitant et pourtant le lecteur reste accroché à ces pages, avide d'aventure, de rencontres avec des espèces animales si lontaines et semblant pourtant si proches de lui, assoiffé de paysages enneigés, frigorifié, comme les compagnons de voyage de Tesson, par les -30° si régulièrement mentionnés dans le récit. Parmi ses confidences sur la nature et sur le voyage qu'il vit, Tesson confie également des réflexions sur l'Humain et la société du spectacle, le consumérisme et la chasse. Le deuil, sujet pourtant lourd, est également adopté avec beaucoup de subtilité et de douceur.


La narration est facile mais le style ne l'est pas. Je mentirais si je disais que tout ce vocabulaire issu du monde de l'aventure, des animaux, de la nature, ne m'avait pas un peu perturbé de prime abord. Cela n'empêche cependant pas le lecteur de se sentir emporté, de rêver de montagnes et de voyages, de découvertes et de recherche de l'inconnu et du différent. Tout comme Tesson, le lecteur reste silencieux, attend patiemment la rencontre avec la créature si sublime qui est l'objet de ce voyage.


Et même si la plupart des épisodes relatés peuvent être d'une banalité certaine, il réalise rapidement qu'au fond, l'extraordinaire se trouve dans l'ordinaire : au sein d'un paysage désertique, uniquement peuplé par une poignée d'Humains et des animaux tous aussi fabuleux, magnifiques et précieux.


Beau voyage littéraire.

Nizzle
8
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Créée

le 29 oct. 2020

Critique lue 36 fois

Nizzle

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