Quoi, c'est pas La Part des Ténèbres? Ah bah putain, je me suis fait avoir

« Hey j’ai une idée ! Et si en fait Hitler il avait été accepté aux Beaux-Arts ?
-Han ouais, vieux, ça dépote, faut que tu l’écrives cette histoire !
-Trop ! »

… Donc. Un beau pavé comme ça, pour une idée bêbête que tout le monde a eu 15 fois et qui mérite au plus une nouvelle de 10 pages un poil cynique ? Schmitt prouve avec ce bouquin qu’on peut vendre n’importe quoi à n’importe qui, pour peu qu’on arrive à se donner des airs malin.

La Part de l’Autre, c’est tout simplement d’un mauvais goût consommé, en plus d’être douteux sur le fond : bah oui quoi, donc en fait Hitler c’est juste un médiocre lambda dont la vie a basculé par un coup du sort ? C’est à la fois facile et tout à fait questionnable : si on suit le raisonnement jusqu’au bout, au fond on pourrait tous basculer du côté obscur par malchance, une fois au fond du trou. Le hic, c’est que voilà, à peu près tout le monde a un jour touché le fond dans sa vie, et pourtant, il me semble que dans ce cas-là… ben on remonte. On devient pas dictateur. Sinon on serait bien nombreux sur la planète à tenter d’imposer notre propre système fasciste, et on vendrait des kits du petit tyran à côté des kits de scientifique dans les grands magasins.

Puis bon, une uchronie c’est quand même censé proposer une réflexion intéressante, du genre Le Maitre du Haut Château de Philip K. Dick qui s’interroge sur ce que serait le monde si l’Axe avait remporté la guerre en 45 et non l’Alliance. Non, Schmitt se contente de nous montrer qu’en fait, Hitler serait un artiste pas trop bon, qui évoluerait du côté des milieux intellectuels de l’époque. La 2ème Guerre mondiale n’aurait pas lieu, ou du moins pas de la même façon. C’est profond, quand même, imaginez : au lieu de raconter quelque chose, vous racontez… rien ! Je m’en vais de ce pas écrire ma version des années 2000 si les attentats du 11 septembre n’avaient jamais eu lieu, vous verrez, histoire captivante à venir ! Ou peut-être est-ce déjà dans en chantier chez Eric-Emmanuel…

Reconnaissons toutefois le génie de l’écrivain, parce qu’objectivement, il manie la plume plutôt pas mal : il réussit l’exploit de vous donner l’impression que vous lisez un truc intelligent ! Faudra que tu m’expliques ton truc, vieux, chapeau.

NB: je me suis demandé ce matin si j'avais bien écrit une critique sur ce bouquin, me promettant de le faire le cas échéant. En fait j'avais déjà critiqué, mais ce que j'avais pondu ne m'a pas plu, alors voilà, c'est réécrit.