La Peste et l'ennui

La Peste Écarlate figure parmi les récits hors de la zone de confort du célèbre auteur Jack London,surtout connu pour ses ouvrages Croc-Blanc, Martin Eden et l'Appel de la Forêt.

Ici, loin des histoires pour enfants ou des travers des luttes sociales, l'auteur illustre une chute de l'humanité sur fond de pamphlets bibliques, où la mystérieuse Peste Écarlate a ravagé la quasi totalité de la population mondiale.

Via les mots du dernier survivant de cette peste, nous y découvrons les moments phares de cette lutte perdue d'avance, les instants de chaos, l'anarchie, la perte du savoir... Et bien sûr le cycle infernal d'auto-destruction propre à l'Homme et ce qu'il érige.

Pour une première incursion dans le style de London, il faut reconnaître une certaine déception. Hormis quelques fulgurances poétiques, certains propos de l'auteur (je pense ici à sa représentation d'une masse ouvrière revancharde et barbare, qui profite de la chute des élites pour reprendre l'ascendant) alourdissent inutilement le récit. Et il est impossible de ne pas mentionner cette morale puritaine, à l'image de ces phrases dépeignant la perte de bonne conduite de l'humain, l'ivresse à laquelle il se livre, mais aussi à l'image de cette fameuse peste écarlate.

Comment, en effet, ne pas y voir, la transformation de l'humanité en démons rougeoyants, succombant aux tentations infernales ? Ce manque de subtilité, par instants, donne au récit un goût post apocalyptique "vieilli" et daté, et même avec le contexte de la date de sortie (1912),d'autres auteurs arrivaient aisément à offrir des histoires intemporelles avant London.

Loin d'être, à mon sens, un immanquable.