Jean-Claude Grümberg a sous-titré son livre « un conte ». Et c’est bien sous cette forme qu’il traite un épisode terrifiant de notre époque.
Un bûcheron et une bûcheronne vivent dans la forêt. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale, la vie est difficile. Au milieu de leur forêt passent des rails de chemin de fer sur laquelle transite chaque jour un train que la bûcheronne croit être de marchandises. Un jour tombe de ce train un « paquet » dans lequel se trouve un bébé que ramasse la bûcheronne. Un enfant que son père a préféré jeter hors du train. Car lui-même, sa femme et ses jumeaux sont emprisonnés dans ce train, comme des centaines d’autres personnes en route pour l’un des camps de la mort.
C’est un conte cruel que nous livre Jean-Claude Grümberg. Cruelle comme seule la vraie vie sait l’être. Et pourtant, une lueur d’espoir se lève grâce à ces gens simples qui accueillent la petite fille comme un cadeau du ciel.
Ce roman est un concentré de toutes les émotions en 100 pages. La tristesse, la douleur, la peur, l’horreur se mêlent au sourire provoqué par cette petite fille, à l’espoir et à l’amour suscités par ces personnages.
C’est peu de dire que ce livre est prenant. J’ai été incapable de le lâcher jusqu’à la fin.
Par la façon de traiter l’histoire, je n’ai pas pu m’empêcher de le rapprocher de cette fabuleuse chanson des Rita Mitsouko, Le petit train, qui traite aussi de ce thème sur un mode léger.
Car parfois, il est des choses trop douloureuses ou trop intimes (dans le cas de Jean-Claude Grümberg notamment dont le grand-père et le père ne sont pas revenus des camps de la mort) pour être dites frontalement.
Ce livre est pour moi l’un de ceux qui s’ajoute aux témoignages de cette époque terrifiante, et qui comme les livres de Primo Levi, Simone Veil, Marceline Loridan-Ivans, Elie Wiesel, Claude Lanzmann, Jorge Semprun et tant d’autres, doit continuer d’être lus par les jeunes générations.