J'ai été une grosse lectrice. Le genre qui lit en marchant, cuisinant, qui ne vous entend pas si vous lui parlez pendant qu'elle lit. Mon cow-boy vous dirait sûrement que je suis maintenant trop absorbée à me transformer en geek pour continuer, et il n'aurait pas totalement tort. Seulement il y a une autre raison.
J'écris à mes heures perdues. Et lire un livre, un bon livre, a commencé à devenir frustrant. Je me passionne, des idées fusent dans ma tête, et au final je ne suis contente de rien de ce que ça donne. Alors, je lis moins. Moins d'idées, moins de risques, moins d'inspiration. Moins de confrontation à mes envies manquées.
Pourquoi je vous raconte tout ça? J'y viens !
A Noël, sous le sapin, m'attends La plus secrète mémoire des hommes. Je n'en connais, ni l'auteur, ni l'histoire. Parce qu'il se trouvait à portée de mains, un jour, je l'ai commencé.
C'est un roman qui parle d'auteurs. Un jeune auteur sénégalais qui, après avoir rencontré par roman interposé un des premiers auteurs sénégalais a avoir eu du succès en France, au sortir de la seconde guerre mondiale, s'obsède du silence et du mystère qui règne autour de cet auteur.
De lui, il ne sait que le nom. Personne ne semble l'avoir vu, personne ne semble avoir lu autre chose de sa plume, personne ne sait rien de ce que fût sa vie. Alors Diégane enquête, rencontre, les personnes qui savent comme autant de petits cailloux sur la route qui le mènera à Elimane.
Au début de son enquête, Elimane apparait comme quelqu'un d’évanescent. De fuyant. Puis, de mystique. Et me voilà, dans un train bondé, sourde aux bruits du wagon, à hésiter, quelques pages avant la fin, à finir ce roman.
Est-ce que je veux savoir? Est-ce que je veux démystifier l'auteur? Et si il n'était pas aussi grand que je ne le vois? Pas aussi puissant? Intéressant?
J'ai fini ce roman. Je ne dirais rien de plus de son intrigue. Est-ce que ce livre a encore réveillé en moi des envies d'écriture? Bien sûr. Mais plus important peut-être encore, de lecture. La dernière page à peine finie, on pouvait me voir chez un libraire, acheté mon prochain voyage.
Merci, Mohamed Mbougar Sarr.