Marcello est un jeune homme désinvolte, qu’un malentendu universitaire a propulsé malgré lui au rang de doctorant en lettres. Tout comme il ne s’était jamais vraiment vu chercheur, il ne s’attendait pas non plus à devoir se pencher sur l’œuvre de Tito Sella - un auteur plus connu pour ses actions terroristes durant les années de plomb que pour ses écrits, littéraires ou autres.


Le roman de Dario Ferrari alterne entre deux récits : les errances apathiques de Marcello et les engagements idéologiques de Sella. L’auteur entrelace leurs destins, notamment lorsque Marcello se lance sur la piste du manuscrit autobiographique disparu de Sella. Mais puisque personne ne peut réellement prouver que ce texte ait jamais existé, il devient tentant d’en imaginer une version personnelle - ou de l’inventer purement et simplement.

"Un livre que Sella a pu écrire à mon âge, parce qu’il avait déjà une connaissance suffisante du monde, du mal et de la fatalité."

Avec La récréation est finie, Ferrari nous plonge dans un spleen universitaire où les colloques se succèdent pour mieux démontrer l’inutilité de tout. Truffé de références, de formules savantes et de citations acérées, le roman dresse le portrait d’un univers intellectuel qui tourne à vide, un théâtre absurde où chacun joue son rôle en attendant la fin de l’acte. On finit par se demander si l’on lit un roman ou une thèse désabusée sur le vide existentiel, vaguement travestie en fiction.


C’est érudit, mordant, parfois brillant, souvent distant - y compris avec le lecteur, toléré plutôt qu’invité, comme s’il était là pour applaudir poliment avant de s’éclipser. En somme, un roman qui a tous les défauts de ses qualités, et peut-être aussi quelques qualités de ses défauts... selon votre seuil de tolérance à l’ironie qui s’écoute penser.


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TmbM
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le 26 sept. 2025

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