Les Lumières, c’est trash.
La Religieuse, ou le livre qui surprend. En effet, ma surprise fut grande en découvrant une œuvre de Diderot qui n’avait rien à voir avec un Jacques le fataliste. Je redoutais un livre ressemblant à l’autre, qui m’avait peu intéressé à la lecture, qui m’avait presque ennuyée à ne JAMAIS terminer ce qu’il commence.
Pourtant, La religieuse, c’est mon ancienne idée de Diderot à l’envers.
Un ouvrage très facile à lire. Une écriture étonnamment facile à suivre (dans mon inculture totale j’ai trouvé que l’écriture était presque moderne, dans le sens où on ne rencontre pas trop de vieilles tournures de phrase, de vieux vocable incompréhensible.), une histoire qui ne se perd pas dans des milliers de recoins. Alors que mon idée scolaire des Lumières était tout gentillette, La religieuse vous fait entrer dans le côté sombre. Une critique des institutions religieuse qui ne se contente pas d’un conte tout mignon qui parait simplet, non, une critique ouverte, scandaleusement trash.
L’histoire d’une jeune fille, fruit d’une aventure hors mariage de sa mère, qui se voit alors contrainte, par ses parents, par une mère sur son lit de mort qui lui le lui demande pour son salut, par tout un contexte affreux, de devenir religieuse. Et alors qu’elle ne veut rien moins au monde, alors qu’elle sait qu’elle n’est pas appelée à la vie monastique, elle fait ses vœux, elle devient Sœur Suzanne.
C’est sœur Suzanne elle-même qui écrit son histoire, et c’est à travers ses yeux plein d’innocence (Mon Dieu, quelle naïveté incroyable…) que le lecteur découvre ce que pouvait être le couvent à cette époque. Flagellation, exorcisme et autres attouchements. (Du coup vous avez envie de le lire là, hein ? Que vous êtes malsains.) Parce que même si c’est affreux, on veut, on veut, on veut savoir ce qui arrive à notre pauvre sœur ! Et on lit, on lit, on lit, et on finit le gentil petit livre en un clin d’œil.
Magnifique critique des institutions religieuses, aussi. Pourquoi s’enfermer, quand Dieu ne l’a jamais demandé ?
Pour le petit plus (que je n’ai appris qu’après la lecture du livre et ça n’a rien changé, mais voilà, j’vous l’dis…), la sœur de Diderot est devenue folle dans un couvent et s’est suicidée.
Ça doit un peu énerver, ces chose- là, et ça rend vigoureux dans la critique, quoi de plus délicieux ?