"Going nowhere, going nowhere..."
Il y a deux choses que j'ai particulièrement appréciées dans La Route de McCarthy : le style et la description de l'environnement. Le côté sobre, direct du phrasé sort des sentiers battus. Et les constants descriptifs détaillés des lieux et des objets m'ont rappelé notre bon vieux Zola.
[spoiiiiiiiiiiiile]
Mais il y a surtout des choses que je n'ai pas aimées. La Route raconte l'histoire de deux personnages : l'homme et le petit. On ne sait rien de leur passé ni même du futur de l'enfant (celui du père est scellé assez rapidement...). Ils évoluent dans un environnement...dont on ne connait ni le passé ni le futur non plus. Pourquoi? Comment? Rien. On ne sait rien. Du coup on a le sale sentiment de prendre quelque chose en cours de route et de ne pas pouvoir vraiment faire preuve d'empathie et d'accrocher à l'histoire. On n'est pas dedans. Sentiment renforcé par le fait qu'il ne se passe que trop peu de choses dans ce roman. La narration devient vite répétitive : je ne sais combien de boites de fruits au sirop les protagonistes mangent mais ça en devient presque du fetichisme. Le petit finit par gonfler tellement il est boulet alors que son père tente de constamment lui sauver la vie. Et que dire du caddie qui devient un ridicule personnage à part entière?
Marcher sur la route. Oui mais pourquoi? Pour rien. Pour nulle part. Et on le sait dès le départ. Ce livre est ultra pessimiste. Les gens rencontrés sont horribles. Tout est recouvert de cendres. Le père est malade. Le gamin manque de crever. Seule la (décevante) fin, limite Petite Maison dans la Prairie, redonne un peu d'humanité (même si du coup ça parait presque nigaud). Qui a envie de lire ce genre d'oeuvre déprimante?
L'ennui qui finit par se dégager du livre m'a fait penser qu'il existerait peut être un sens caché. Métaphore de la vie d'un sdf (froid, faim, environnement hostile)? Métaphore du ressenti d'un enfant perdant le dernier parent qui lui reste? Critique pro écologique? Malheureusement je pense que La Route est bien plus premier degré qu'on le croit et qu'il s'agit surtout d'un roman d'anticipation qui va nulle part.