La Route des Flandres, qu’est-ce qu’une route ? C’est un chemin, de quelque part vers quelque part, en tout cas c’est un chemin mais délimité sûrement car une route est praticable, elle est faite pour être praticable elle construite aménagée pour cela. En ce sens La Route des Flandres ressemble-t-elle à une route ? Pourquoi, vers où, mais le titre est mystérieux.

Il y a un cheval mais il y a beaucoup de chevaux et il galope hors de tout ; une impression marquante qui réapparait, des impressions qui se succèdent, mais à qui : au protagoniste, au narrateur, donc qui narre ? et qui est sujet car il y a bien des « je » et des « il » (Georges) (si Georges est je). Tout s’enchevêtre et se superpose se surimprime sur le même plan – amorphe – le suicide, au moins le coup de feu de de Reixach ou de Reixach et des chevaux morts sous les balles et dans les wagons et courant devant les parieurs. Les paroles et discours, mises en abyme par excellence (mots écrits qui rapportent des mots oraux) perdent leur relief et leur diégèse pour se fondre dans l’éternel présent, des sons distractifs à la valeur d’un ersatz famélique de cigarette ou des soliloques bruyants comme des tirs d’artillerie et des hennissements funèbres peu importe, sont-ils parlés ou pensés, les locuteurs ne sont pas identifiables et les chiens mangent la boue et la terre mange les chevaux et les fourmis mangent les hommes, c’est largement tout lien causal qui n’est plus identifiable.

Réminiscences et réminiscence, il y a un mouvement d’enquête sensible, un temps à retrouver. Des images hantent, des chemins réaffluent aux mêmes contingences alors quoi ? vingt-quatre tomes de Rousseau chus dans la boue, qu’est-ce qui compte, qu’est-ce qui explique ? une défaillance des fidéicommis de l’Histoire ? une chambre d’hôtel avec un miroir ? La fin est-elle balzacienne non, non mais la débâcle est-elle même le sujet, est-ce un traumatisme en forme de catalyseur ou est-ce encore une contingence avec un passé et un futur identiques ? On se fout de l’enquête, c’est un mouvement, mais il n’y a que ça que des mouvements que de la cinétique que de l’énergie de la vitesse de la pression de la contondance de l’ignition de l’irrigation de la peur de la puanteur et rien d’autre peut-être, on n’y trouvera rien même pas des ruines dont la mélancolie rassurerait, même pas des ruines mais il y a tellement de forces, qu’en faire, il faut bien en faire quelque chose, les comprendre, les synthétiser, les canaliser, les légiférer Rien ne fonctionne mais tout est passif et résigné ça n’importe plus, on ne peut qu’hurler ou pleurer tout ça.

Le front ? Pauvre con ! Le front ?... Y a plus de front, pauvre con, y a plus rien !

On est essoufflés.

blinkeure
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le 3 oct. 2023

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blinkeure

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