Wessel Ebersohn est un écrivain peu bavard : on avait été pas mal secoués par son roman d'il y a trente ans, c'était La nuit divisée, lu il y a deux ans. On n'avait pas lu le bouquin d'il y a vingt ans [Le cercle fermé] et c'est donc avec impatience qu'on a pris le vol suivant (2011) pour l'Afrique du Sud : La tuerie d'octobre.
On retrouve avec plaisir Yudel, le psychologue juif qui travaille pour les institutions pénitentiaires (et y'a du boulot là-bas !) et qui, de temps à autre, mène ses propres investigations.
Bien sûr, l'Afrique du Sud a changé depuis l'apartheid et le polar précédent et ce bouquin est encore une occasion de découvrir la toute jeune nation arc-en-ciel qui peine à trouver ses marques.
Mais avouons que notre grande attente (trop grande ?) a été fortement déçue par ce nouvel épisode des enquêtes de Yudel Gordon.
Ce bouquin ressemble bien à un ouvrage de commande où un serial-killer se retrouve maquillé en political-killer (ou vice-versa). L'Afrique du Sud n'est là que pour le décor et tous les standards et clichés sont au rendez-vous (comme cette scène de l'auditorium que l'on dirait spécialement commandée par Hollywood).
Même l'ami Yudel marque le pas et laisse la vedette à une jeune black ambitieuse, symbole de la nouvelle société noire au pouvoir, une haut-fonctionnaire en pleine ascension sociale et politique dans le nouvel organigramme de la nouvelle nation : un personnage vraiment trop 'cliché' pour qu'on s'y attache plus que quelques pages.
L'intrigue débutait pourtant sur de bonnes bases : il y a vingt ans (en 1985) les raids commandos étaient fréquents pour éliminer les agitateurs et 'terroristes' noirs, même au-delà des frontières légales. Ces exactions ont forcément laissé des blessures que certains voudraient rouvrir et des cicatrices que d'autres souhaiteraient oublier. Aujourd'hui en 2005, un mystérieux personnage (ancien mercenaire ou nouvel assassin ?) semble vouloir éliminer les acteurs de l'un de ces raids meurtriers.
Mais bien vite l'intrigue sud-africaine se transforme en une chasse à l'homme digne des thrillers les plus classiques. On ne s'ennuie pas vraiment mais tout cela n'est pas à la hauteur des attentes qui étaient les nôtres.
Ce billet sera donc en forme de rappel, histoire de vous inciter à la lecture de l'ancien et excellent ouvrage de Wessel Ebersohn qu'était La nuit divisée !
BMR
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le 13 mai 2014

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Bruno Menetrier

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