Le voilà donc terminé, ce roman aux multiples éloges qui traînaillait dans ma bibliothèque depuis un temps ; qui me hâtait de le dévorer avant que l’écran ne vienne l’adapter.
Me voilà donc entraînée dans cette quête de la vérité, me promettant multiples rebondissements ; me voilà donc agacée par les personnages et, plus que tout, à râler devant la forme.
D’emblée, je n’étais pas très à l’aise avec cette histoire d’amour. Non pas que je sois gênée de l’écart d’âge mais je n’y ai pas vraiment cru, ça sentait trop l’eau de rose.
Nola m’a surtout fait penser à Lolita, et j’ai d’ailleurs longtemps cru que l’intrigue allait basculer de mon côté, pour ainsi m’ouvrir les portes d’une littérature plus exquise. Joël Dicker m’a d’ailleurs fait croire que j’y parvenais pour finalement reprendre son livre en main ; c’est lui qui mène la danse et il n’arrête pas de le répéter.
Comme tout écrivain qui se regarde, l’écrivain écrit sur lui et il tend savamment le bâton pour se faire battre. Car en marge de l’intrigue sur un cold case, on assiste à l’autoflagellation d’un écrivain en passe de devenir célèbre, ce qui est fort irritant. En plus de nous donner sa vision d’un bon écrivain, il passe par les tribulations d’un auteur sur la difficulté d’allier l’art et le divertissement dans son roman. En gros, Dicker s’excuse de faire du Musso alors qu’il préférerai viser plus haut ; ah la rançon du succès !
Pour revenir à l’intrigue, la première partie est assez lente, pour la simple raison que l’on se doute que Québert est innocent et qu’on voudrait pouvoir passer les poncifs du genre. Cela étant, la suite devient assez navrante et s’accélère sans raison, ou du moins pour soit disant duper le lecteur. C’est donc une avalanche de nouveaux faits qui viennent se rajouter, le tout mêlant romantisme, policier, violence, etc ; pour mieux te divertir, toi lecteur.
La vérité sur l’affaire Québert se lit vite, parce qu’on veut tous savoir qui a fait le coup ; pas parce qu’on se sent bien à Aurora, pas parce qu’on est à l’aise avec les personnages, pas parce qu’on ne nous à pas laissé le champ libre. Juste parce qu’un écrivain a appliqué ses conseils à la lettre en oubliant le plus essentiel. Non, le divertissement n’est pas une priorité pour tous, l’ambiance est primordiale, le scénario doit être crédible (cela est d’ailleurs autant valable dans la SF, le polar que pour le fantastique) et comme le dit si bien l’adage : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. »