La Vie très privée de Mr. Sim par Nina in the rain
Quand le Jonathan Coe nouveau est arrivé dans les librairies, les librairies ont poussé des hurlements de joie. Un Jonathan Coe, c'est toujours sympa, ça plaît à tout le monde et en plus la couverture est jolie. Du coup la semaine dernière quand je me suis précipitée pour récupérer le nouvel Irving, avant que je ne passe à la caisse, la charmante jeune fille à qui je fais tout particulièrement confiance m'a dit « et tu as pensé au Coe ? » ce à quoi j'ai fièrement répondu en montrant la pile de bouquins que je tenais dans mes mains : le Coe y était. De lui, j'avais lu Testament à l'anglaise et Bienvenue au club, que j'avais plutôt appréciés, surtout le premier. La Vie très privée de M. Sim semble renouer avec ces deux romans, tout du moins pendant les deux premiers tiers du roman. Le style est léger, l'histoire aussi, et personnellement j'ai eu un peu de mal à m'attacher à ce personnage dépressif qui tombe amoureux de la voix de son GPS lors d'un voyage vers l'Ecosse. Comme toujours, ce type d'humour excessif a du mal à me faire rire. Cependant, le roman est fort bien écrit, et je continue dans ma lecture en attendant un évènement décisif qui me fera changer du « bof oui pas mal » au « oh c'est super ça! ». Une invention, un épisode, quelque chose... Et c'est difficile de le dire sans rien dévoiler du dénouement de l'intrigue mais ce petit quelque chose, je l'ai trouvé dans les 100 dernières pages.
Le personnage de Maxwell Sim disparaîtra dans un claquement de doigts, c'est d'ailleurs le destin inchangé des héros de roman, mais la mise en abyme ingénieuse de Coe nous permet de le ressentir aussi fortement que lui, nous attachant en quelques pages à un héros dont auparavant on n'aurait pas retenu grand chose. A mon sens, c'est l'un des défauts de la littérature « comique » de ces dernières années : on tend à ridiculiser un personnage qui choisira toujours l'action contraire à la logique, dans le but de faire tomber sur lui une accumulation d'évènements humoristiques mais qui ne parviennent la plupart du temps qu'à agacer le lecteur et lui donner envie, dans mon cas, de gifler ledit personnage. Or, dans les 100 dernières pages de ce roman, on entrouvre le rideau sur le réel dessein de l'auteur, sur son grain de folie et son envie peut-être, parfois, de ne pas toujours faire rire. Il jette une lumière crue sur son personnage qui cesse d'être ce looser absolu pour prendre une envergure bien plus importante, plus intéressante, moins ballotté par les évènements mais toujours pas maître de son destin. Tous les personnages se re-croisent à une vitesse ahurissante avant de s'effacer devant la suggestion d'une femme sur l'intimité la plus profonde de Max, jusqu'à cette fin hallucinante qui semble un instant détruire tout ce qui s'est passé dans les pages précédentes, pour finalement l'accompagner et le terminer avec un à-propos et une maestria impressionnants.
AU final, difficile de dire ce que je pense de ce roman. Les deux premiers tiers m'ont ennuyée profondément malgré quelques trouvailles amusantes, le dernier donne à ce volume une place de choix dans ma bibliothèque et je pense sérieusement à y laisser un marque page, pour pouvoir relire cette superbe fin. Au final, si vous aimez Jonathan Coe, jetez-vous dessus. Et si vous n'êtes que modérément fan, empruntez-le à la bibliothèque pour profiter de ce dénouement. Dans tous les cas, lisez-le!