Oui ce livre est violent ! Même si tout ce qui y est raconté à l'intérieur est dans nos esprits, le fait de le voir écrit aussi simplement et aussi crûment, nous déstabilise sacrément.
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sont des sociologues peu ordinaires, au lieu de se consacrer à des recherches sur les pêcheurs bretons ou les harkis, ils ont opté pour les riches. Attention, les vrais riches, les grandes familles aux fortunes qui se multiplient au gré de leurs investissements boursiers ou aux grands patrons du CAC 40, ceux qui gagnent en une journée ce que vous gagnez en dix ans !
Une fois le livre terminé et refermé, j'ai été un peu sonné. J'avais beau savoir que les riches, les dominants, étaient sans vergogne, uniquement occupés à faire prospérer leurs acquis, considérant le bas peuple comme des bouts de chair sans cervelle et à leur merci, l'accumulations des observations des deux sociologues est absolument sans concession et m'a laissé sans illusion quant à un futur plus fraternel.
En ces temps de crise financière, les riches n'ont jamais eu autant d'argent et les populations laborieuses, étrillées, vidées, dépossédées de leur travail, n'ont jamais été aussi stigmatisées sans que personne n'y trouve à redire... ou presque. Le livre après avoir fait un état des lieux du patronat en France ( les nombreuses aides de l'Etat qu'il truste, les impôts qu'il évite, la justice qui ferme à demi les yeux sur ses fraudes), de ses accointances avec le pouvoir qu'il soit de droite ou de gauche, s'intéresse à la violence insidieuse que cette domination exerce sur les masses les plus pauvres du pays et de leurs conséquences. Totalement bercées par un discours pro libéral par des médias inféodés à ce système depuis le tournant voulu en 1983 par François Mitterrand, toujours discréditées dès que pointe la moindre révolte, les classes populaires subissent de plein fouet cette violence insidieuse avançant, souriante mais masquée. En plus d'habiter dans des ghettos car la mixité sociale à l'intérieur des villes existe de moins en moins, les travailleurs (pour reprendre un vieux terme communiste) se voient également marqués dans leurs corps, saturés de bouffe bon marché, grasse et sucrée. L'histoire de leurs combats pour une société moins injuste, est laminée sous les effets conjugués de la disparition des lieux de souvenir (la Mutualité à Paris, transformée en Palais de la Mutualité grâce à sa rénovation fastueuse par un groupe international spécialisé dans l'événementiel ) et de la confiscation du langage par l'élite dominante. C'est ainsi qu'un parler édulcoré fait florès, paralysant d'autant mieux la pensée qu'il brouille les pistes, empêche la réflexion : un" plan de licenciement" devient ainsi un "plan de sauvegarde de l'emploi", bien plus vendeur et beaucoup moins dangereux (et les exemples abondent).
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le 6 nov. 2013

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