Ce livre est composé de deux parties très inégales. La première, de loin la plus intéressante, ne comprend qu'une trentaine de pages, et illustre la "théorie" de Jodorowsky, pompeusement intitulée "psychomagie", laquelle consiste à peu près en une analyse éclair d'inspiration freudienne (problème avec Maman ou problème avec Papa), passablement sauvage, qui se dénoue dans un psychodrame version trash (prends la photo de Maman et fait pipi dessus, ça te libérera / prends la photo de Papa et fait caca dessus, ça te libérera ; malheureusement, je ne caricature presque pas). La seconde partie, très longue, elle, est une compilation de lettres de "patients" du Mage (qui les appelle : "consultants") qui nous disent en substance que le Mage les a guéris, merci Mage, tu es grand, j'ai fait pipi sur la photo de Maman, ça va mieux / j'ai fait caca sur la photo de Papa, je me sens léger comme la plume du rossignol qui s'élance dans l'arc-en-ciel par une légère brise printanière...

L'idée selon laquelle une théâtralisation peut soigner l'inconscient car le théâtre, pour l'inconscient, est bien réel, cette idée n'est certes pas nouvelle, mais je la trouve intéressante. Quant au reste... Le tarot, l'analyse sauvage... Eh bien ça peut éventuellement marcher quand les patients ont envie que ça marche, et d'après les lettres, c'était le cas. Il faut bien évidemment avoir envie que ça marche en allant voir Jodorowsky à la terrasse d'un café pour débiter ses problèmes devant tout le monde en sachant qu'on finira dans un bouquin. En admettant bien sûr que ces lettres soient véritables, ce qui est une autre paire de manches : on sait bien que, même chez les meilleurs auteurs, les cas cliniques relèvent plus ou moins de la fiction, alors dans la situation présente... Mais bref. Dans tous les cas, c'était gratuit, le Mage omnipotent et omniscient se payant indirectement en conférences et bouquins, alors, on ne va pas lui en vouloir. Les mises en scène à caractère sexuel (mettez-vous tout nu, on va rejouer votre naissance et ciao le trauma) me paraissent, quant à elles, beaucoup plus problématiques.

Finalement, le plus dingo, c'est sans doute le Mage, qui aura soigné sa propre névrose en faisant semblant de traiter celles des autres.

Glueklicher
3
Écrit par

Créée

le 1 mai 2024

Critique lue 2 fois

Glueklicher

Écrit par

Critique lue 2 fois

Du même critique

État limite
Glueklicher
7

La nef des fous prend l'eau

Le documentaire sur les fous est un sous-genre en soi. Cet opus est beaucoup plus convaincant à mon sens que le très complaisant et faible "Sur l'Adamant" de N. Philibert sorti l'an passé, qui...

le 1 mars 2024

3 j'aime

La Forêt silencieuse
Glueklicher
5

Sehr dispensable

Il y a une ambiance, qui n'est certes pas installée avec une grande finesse, mais tout au moins une certaine efficacité.Seulement, comme on a à peu près compris l'intégralité de l'histoire au bout...

le 18 févr. 2024

2 j'aime

Avalanche
Glueklicher
7

Ma bagnole, je l'adore

On sait que les réalisateurs teutons peuvent faire de beaux films américains (le grand Wim n'est pas loin). Mais, définitivement, ici, le rêve américain a pris du plomb dans l'aile. Dans cette...

le 24 janv. 2024

2 j'aime