Au-delà du contexte curieux (qui n'est pas sans faire penser à La Horde du Contrevent en moins radical et moins poétique), il n'y a pas grand chose d'intéressant dans cette histoire. Je fais un véritable blocage avec Brandon Sanderson, pourtant réputé comme un grand nom du genre, après les déceptions d'Elantris, de Fils-des-Brumes, et enfin de La Voie des rois.
C'est un pavé de 970 pages qui aurait facilement pu se suffire de 300 tant l'auteur est bavard et prolixe en informations inutiles. Comme dans Fils-des-Brumes, il a créé un système de magie cohérent qui alourdit le récit. Il est très fréquent de voir l'action coupée d'explications. C'est un reproche global : Brandon Sanderson explique tout, en long, en large et en travers, sur des détails sans intérêt, décrivant précisémment tous les personnages (même ceux croisés le temps d'une ligne ou deux), développant à l'excès (et à répétition) les pensées des protagonistes, étirant sur de nombreuses pages des situations ne méritant pas plus d'un paragraphe,... La Voie des rois est assomant. Le début est remarquable pour ça : il y a un prélude, puis un prologue, puis enfin un premier chapitre ! Est-ce que ces pages étaient nécessaires ? Trois fois non, mais Sanderson ne peut s'empêcher de tout étaler devant le lecteur plutôt que le faire s'interroger. Brandon Sanderson est l'exact opposé de Steven Erikson.
C'est aussi un livre criblé de philosophie de comptoir, qui tente de paraître profond mais reste superficiel. Ça va jusque dans les dialogues, parfois exaspérants de clichés ou se voulant malins sans y parvenir.
L'univers, d'abord intriguant, laisse rapidement perplexe devant son manque de plausibilité. Il est assez terrible de voir l'auteur redoubler d'effort pour rendre la magie cohérente tout en créant un monde qui ne tient pas debout.
L'action, enfin, parfois le sel des romans de fantasy, est ici très étrange. Je n'ai pas adhéré, et ce dès l'ouverture. C'est très manga/comics, visuel, et surtout ridicule. Imaginer des chevaliers en armures peintes de couleurs vives faire des sauts de dix mètres en affrontant un homard géant, ça me fait grimacer. C'est de la high fantasy, d'accord, mais qui parfois donne l'impression de sortir de l'imaginaire d'un tout petit garçon.