Un Polar/Fantasy étonnant

Le baiser du rasoir est le premier roman de l'auteur Daniel Polansky. Malgré ça, des les premières pages, le livre captive par son ambiance étonnante et son rythme soutenu.
Le style du livre est entre la dark fantasy et le polar et donne un cocktail pour le moins inédit et surprenant au livre, qui est pour le coup d'une ambiance assez noire. Vous suivez l'histoire du Prévôt, un trafiquant de drogue anciennement membre de la police et de l'armée dans son enquête sur le meurtre sauvage d'une jeune enfant. Pour cela, il pourra compter sur le soutien d'Aldolphus et de sa femme Adeline qui tiennent un bar ou le Prévôt habite aussi et le soutien du « second » de notre héros, c'est à dire un enfant d'une réactivité extraordinaire.

L'histoire tient la route du début à la fin et nous propose un vrai puzzle dans cette cité sale et sans concessions, ou nous rencontrerons une ribambelle de personnages qui sont tous ni blanc ni noirs. Bref, a ce niveau, on peut dire que « Le baiser du rasoir » arrive a nous sortir des clichés habituels du gentil et du méchant tout blanc ou tout noir. Tous les personnages ont leur motivation, noble ou moins, mais jamais aucun n'acte n'est gratuit ce qui renforce la crédibilité de cet univers.
Concernant la traduction, a mes yeux, il n'y a pas de problèmes, le style reste agréable a lire et les tournures ne sont pas tarabiscotées. Donc, pour la localisation c'est plutôt du bon travail aussi.
Pour l'énigme du polar en elle même, elle est sympathique mais prévisible si vous avez le niveau d'habitude et un haut degré de paranoïa suffisant. Ainsi donc elle maintient le lecteur correctement en haleine, même si elle n'est pas au niveau d'un vrai polar. Enfin, elle reste suffisamment étoffée et le côté fantasy suffisamment développé pour rendre la lecture très agréable.

A propos de l'univers, je dois noter que la magie existe mais elle n'intervient que peu et les Artistes (les magiciens) ne sont qu'une poignée. Notre héros n'étant pas un Artiste, la magie a un rôle dans l'aventure mais n'est pas utilisée a outrance comme dans la plupart des autres livres du genre, ce qui est un très bon point.
Je pense que vous l'avez compris, ce « Baiser du rasoir » est une bonne pioche, une excellente pioche même, qui en plus d'être le premier tome d'une série qui s'annonce déjà d'une très bonne facture est aussi le premier livre d'un auteur dont, j'en suis certain, on entendra parler à l'avenir dans le cercle de la fantasy.

Dernier paragraphe plus lié au livre au sens physique, le livre est édité par Bragelonne en version reliée pour 20 euros et en Ebook (sans DRM, c'est a noter) pour 13 euros. L'ebook (version que j'ai lu) est de plutôt bonne qualité en plus.
Pour moi ce sera un 8+ qui aurait pu avoir un 9 si je n'avais pas deviné la fin des le premier tiers du livre. Mais encore une fois, la fin n'est pas forcément évidente, je dois juste être assez paranoïaque pour réussir a la deviner.