A mes yeux d'incompétent et pas habitué dans ce genre de roman historique, le film intérieur que je me suis fait dés la première scène a mélangé un peu de La chair et le sang de Verhoeven,
The reckoning un thriller moyen-âgeux de Paul McGuigan partiellement en temps de peste,
et des touches plus tard du Nom de la rose.
..."Mieux vaut pour la terre, Faucon de manoir, que Renard d'église. Murmura t il. Ceux là au moins, s'ils égorgent la brebis, épargnent la laine"
Je ne suis pas expert et habitué à ce genre d'histoires, sujets et romans historiques, mais quel plaisir celui-là m'a donné! J'avais envie de le retrouver.
Je suis tombé dessus au hasard, gratuit dans une boite à livres.
Donc je l'ai commencé sans a-priori et sans rien en savoir et dés sa première scène de film, j'ai été pris.
Première scène: des villageois s'opposent au passage d'un mendiant et s'offusquent même de le voir. C'est pourtant un moine de l'abbaye locale. C'est sur le point de mal tourner pour lui quand arrive par coïncidence un Templier à cheval mais tous les deux très fatigués.
La situation prend un autre tour, l'attention des villageois se détourne du moine et leur haine, qui m'a tant surprise, se focalise sur le Templier.
Ensuite on traverse plusieurs décennies passionnantes et surtout plusieurs générations de descendants tous liés à cette scène originelle, un peu façon Destination finale.
Personnages et village qui auront décidément tout vécu.
"Au cours de ses cent années, Luc (..qui m'a rappelé un des vieux, soi-disant courbé, de Game of thrones) avait vu force fléaux: la peste noire, dit Grand-Mort, le passage des Jacques et la rébellion de Sabolas, les Bouâmes, la lêpre, les Anglais, les routiers, les loups, tous les pillards du plat pays. Le plus cruel des siècles, ce patriarche l'avait traversé sans qu'une seule fois, la maladie l'étendit sur sa couette" () "cuit et noueux, encore droit, il ressemblait aux images du prophète Job"
Quant au style dont je ne suis pas expert, il m'a embarqué, immergé et pourtant, il me manquait sur chaque page la connaissance de certains mots et leur définition, mais justement ce langage pourtant français mais parfois étranger, m'a rendu cet univers encore plus dépaysant de nos infos pourtant parfois encore plus barbares que certains de plus horribles moments du livre.
En film, il y a aussi un passage et aventure qui font penser à l'échange dans La vie est un long fleuve tranquille car toute la région du village bruisse de la rumeur que le violent primesautier fils du puissant châtelain local, a peut-être été échangé à la naissance avec un des fils d'une famille locale de fermiers costaud solidaire aidant...ils ont été baptisés le même jour au même endroit etc.
- vers les 3/4 du livre, il y aussi une partie procès suite au passage d'un puissant qui s'intéresse enfin aux revendications et doléances de la mini confédération paysanne d'alors...et le film ressemble alors un peu au Ridley Scott Le dernier duel.
- ((nb: je devrais pas le dire car je vais me faire incendier par certains ghouls pénibles du site, toujours prêts à une certaine chasse aux sorcières... mais j'ai découvert après ma lecture, après mon plaisir, et après mon texte de critique, que l'auteur aurait été un des "salauds" pendant la seconde guerre mondiale...condamné après guerre puis libéré..."mort dans sa maison de l'île de Ré"...Collabo d'où peut-être une description plutôt 'spéciale' des gens du voyage (les bouâmes) et une allusion à des profiteurs de misère et peste qui, comme pendant le covid, stockent...et ici, hélas affublés, il est vrai, de l'adjectif 'juif'(sic)...une fois mais ça m'avait sauté aux yeux SANS que je sache le passé de l'auteur...je rappelle que je suis tombé sur ce livre dans une boite à livres. Donc messieurs les censeurs, ne pensez pas que je lis que des livres écrits par des ordures. même si Prix Goncourt 1922 avec 'Le Martyre de l'obèse'. ))
- ...on croise aussi des rappels des périodes de famines en France et comment elles transforment vite en zombies des populations, voire en cannibales (cf. une scène dans cimetière qui me restera, même si très courte...)
- on croise des descriptions de périodes de gel me rappelant des images du film 'Le jour d' après'.
- on croise des frères paysans qui se retrouvent après qu'un des deux soit parti des années grâce à l'armée, lui procurant une ascension sociale... où ce livre de 1926 parlait déjà de Transfuge de classe (sans inventer une agression et un viol par un arabe comme le fera Edouard Louis cent ans après pour aborder le même sujet).
- on croise un Don Salluste venant après la bataille et le renouveau si durement travaillé...
- je le finis la même semaine que le président de la France en 2025 en appelle à la jeunesse pour se porter volontaire pour l'armée or il y a la même scène dans le livre/film où le Roi fait le même appel, avec le même niveau de chômage et d'inactivité de la jeunesse, donc un volontariat qui n'en est pas vraiment un "puisqu'il n'y a pas de boulot pour les jeunes de 19/20 ans" (Anna Botting de Sky News le 27/11/25 au sujet de Macron appelant au volontariat militaire)...
- ...aussi, autre scène familière hélas de nos jours, on croise dans ce livre/film de 1926, des prêtres décapités et égorgés mais pas par des islamistes.