Premier volet de la célèbre quadrilogie Tschai, ce roman de Jack Vance, publié en 1968, est désormais considéré comme un classique de la science-fiction.
On y suit Adam Reith, unique survivant d’une expédition terrienne, contraint d’explorer la planète Tschai, monde foisonnant peuplé de races extraterrestres puissantes (les Chasch, les Wankh, les Dirdirs, les Pnume) et de multiples communautés humaines, souvent asservies ou transformées par leurs maîtres aliens.
La grande force du livre réside dans cette construction d’univers : chaque peuple est doté de sa culture, de ses mœurs et de son système de valeurs, offrant une richesse anthropologique digne des meilleurs récits d’exploration.
Contrairement aux récits initiatiques, le héros n’est pas en quête de lui-même : Reith est déjà mûr, pragmatique, et sa mission est claire — survivre et, à terme, offrir aux humains de Tschai une forme d’émancipation. On sent là un écho aux débats de l’époque sur la fin des empires coloniaux et les tensions idéologiques des années 1960.
Vance reste cependant avant tout un conteur d’action : les péripéties s’enchaînent à un rythme soutenu, sans temps mort, dans un style précis et efficace. S’il n’approfondit pas toujours la psychologie, l’auteur compense par l’exotisme et l’inventivité de son monde.
Ce premier tome se lit comme une grande aventure dépaysante, à la fois divertissante et porteuse d’une réflexion implicite sur la domination et la liberté.
Un début solide, qui donne envie de poursuivre le cycle pour voir jusqu’où Vance pousse cette fresque à la fois baroque, aventureuse et critique.