De la difficulté temporaire à maintenir l'excellence

Si dans Picatrix nous assistions amusé à la révulsion qu'inspire à Eymerich le monde musulman (gastronomie, architecture...) dépeint comme l'antithèse de l'esprit monacal et de simplicité recherché au quotidien par notre inquisiteur, nous retrouvons dans ce tome-ci sa confrontation à la culture juive qu'il déteste presque autant.
Suite directe du précédent à l'image des personnages introduits dans Picatrix qui accompagnent ici Eymerich dans cette nouvelle intrigue qui se déroule essentiellement entre (et sous) les murs épais du château. Le bâtiment est exploité des tours aux fondations et devient à mesure que l'on avance dans la lecture, le véritable personnage central de l'ouvrage. C'est la personnification physique du pouvoir à cette époque et Evangelisti exploite l'idée de manière originale jusqu'au grotesque malheureusement. Ce château est au coeur d'une lutte de pouvoir entre les prétendants au pouvoir dans cette partie de la chrétienté. Pour une fois les autres époques sont évoquées succintement et l'auteur ne les a que peu développées car l'essentiel de l'action à lieu au temps présent de notre anti-héros inquisiteur.
La lecture de ce livre, a été plus difficile pour ces mêmes raisons mais je reconnais que l'auteur est toujours aussi habile à échaffauder des intrigues complexes et tortueuses à partir d'une grande maîtrise du contexte historique (ici la Reconquista) et des textes sacrés (ici le judaïsme). Enfin j'ai trouvé les propos d'Eymerich bien plus durs et violents que dans les ouvrages antérieurs à l'égard des ennemis de la "vraie Foi",
même si je ne perds pas de vue que l'auteur fait parler l'Inquisiteur général du royaume d'Aragon, les mots sont âpres pour un lecteur du XXIe siècle. Enfin Evangelisti poursuit en filigrane son oeuvre sur les rapports entretenus par son héros avec les femmes. Une thématique qui deviendra encore plus centrale dans le reste du cycle.
Un bon livre donc puisque c'est un épisode de la série des Eymerich, mais l'architecture du livre est trop atypique (comme celle du château eponyme) pour qu'on ne se sente pas hors des sentiers battus.

SebastienBrassart
7

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Créée

le 21 oct. 2017

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