Ce qui faisait notamment le prix de L'eau rouge et, à un degré moindre, de La femme du deuxième étage, était la formidable architecture narrative, conçue par Jurica Pavičić, l'intérêt allant crescendo pour le lecteur, de par cette virtuosité tranquille. Sur le terrain de la nouvelle, Le collectionneur de serpents en administre une preuve éclatante, l'auteur croate n'est pas non plus un manchot. Parmi les cinq histoires qui composent le recueil, aucune ne marque une baisse de niveau, composant un ensemble homogène et vibrant, autour de la guerre en ex-Yougoslavie. La première nouvelle ainsi que la dernière sont les plus explicites quant à l'horreur des combats qui ont eu lieu mais elles ne sont pas nécessairement les plus réussies, tellement Jurica Pavičić est brillant dès lors qu'il s'attache aux cicatrices indirectes laissées par cette période, qui mettront bien plus qu'une génération, en Croatie et dans les pays voisins, à s'estomper. Comme dans ses romans, la concision est l'un des autres points forts de l'écrivain, il lui faut tellement peu de mots pour décrire un paysage, une relation entre deux êtres, ou la psychologie profonde de ses personnages. Et toujours avec une empathie immense envers ceux, ses frères et sœurs humains, qui comme lui ont connu et subi un traumatisme qui conditionne leur présent et leur avenir.

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le 27 juil. 2023

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