Caïn'porte le complexe

L’avantage d’un livre qui enfonce des portes ouvertes, c’est que sa propre indigence permet de le jeter dans les méandres de l’esprit. Mais un écrit indigent qui se targue d’apporter une nouvelle réponse à une problématique « moderne » (et, surement le hasard, mais une problématique que l’on pourrait quand même qualifiée de « vendeuse »), celui la mérite bien un trait de clavier encore à terre.

Qu’elle est donc la prétention de cet ouvrage. Semble-t-il de nous présenter que la place du fratricide ne serait pas à négliger dans les actes terroristes qui ont endeuillés la planète. Pourquoi pas. On cite donc 3 « exemples » de frère « soudés », qu’importe que dans un cas le frère soit en vie et l’autre non. Qu’importe qu’on discute de rôle et d’acte différent dans des fratries et des familles différentes. Minimisons le terrorisme à une chose, l’acte terroriste.

Et puis réduisons aussi un deuxième point. L’acte terroriste c’est tuer un frère. Parce que « tous les Hommes sont frères » (sœurs aussi mais ça c’est un épiphénomène apparemment) et donc tuer un Homme, c’est commettre un fratricide, CQFD. Un cheminement intellectuel prodigieux, qui mérite de s’asseoir 5 minutes pour reprendre son souffle tellement une révélation pareille peut faire trembler les fondations de chacun d’entre nous. Alors bon, on réduit (probablement pour être similaire à la pensée exprimer dans ce truc) mais, encore plus audacieux, on ne définit rien. Le fratricide ne sera pas une seule fois développé clairement et il recouvrira tantôt des concepts filiaux, tantôt non, mais tout le monde il est frère en vrai. Joker magique. Pour un terme qui se veut central dans la thèse de l’ouvrage, c’est quand même balo.

Mais pardonné moi, je suis de mauvaise foi. Si la définition n’est pas, les bases du raisonnement se reposent sur des constructions solides. On a successivement le droit aux livres saints, à d’autres psychanalystes et des rêves personnels de l’auteur pour expliciter son prodigieux cheminement théorique. Autant dire que c’est aussi solide que la ligne Maginot. Et encore, ces éléments ont peu ou prou avoir avec la problématique dont se réclame la première de couverture.

Non parce que, la moitié du livre, on peut aussi la résumer par « ouin ouin, le complexe de Caïn c’est vachement bien, mais Freud il en a pas voulu, alors on fait que de parler de l’Œdipe. Mais c’est vachement bien et c’est plus mieux que l’Œdipe ». Pour un peu de réalisme, plus qu’une quelconque réflexion, c’est surtout à une défense autocentrée de thèses de l’auteur au milieu d’une guéguère d’intellectuel de salon que ce truc relié se veut faire l’apologie. Admettons au moins que l’auteur a le mérite de reconnaître, au hasard des pages, que la psychanalyse s’est structurée comme une église est fonctionne de la même façon. Des fanatiques qui prétendent définir qui sont d’autres fanatiques, on connait toujours mieux l’enfer en ayant la carte du domaine.

Ah oui, et sinon la réponse à au problème de « faut pas tuer son frère que on est tous frère » c’est « aimez-vous les uns les autres ». Mais bon, quand même que waow, attention c’est compliqué et que sa marche pas toujours. Merci Jean-Michel intellectuel nous livre les clés du sauvetage de l’humanité.

Il serait temps de ranger les livres de psychanalyse dans la partie développement personnel ou névroses et fantaisies, ou à la poubelle aussi. Parce qu’abattre des êtres vivants pour produire des choses aussi stériles, c’est surement la seule réussite de la psychanalyse.

Alors sauvons des arbres.