En novembre 1945 s'ouvre à Nuremberg un procès sans précédent qui pose les fondements d’une justice pénale internationale. Certains des principaux responsables du Troisième Reich, qui sont tenus responsables d'actions commises dans le cadre de leur fonction, sont jugés en tant qu'individus pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre, et crimes contre l'humanité par les puissances alliées.


Dans son roman, Alfred de Montesquiou propose une plongée dans les coulisses de ce moment historique à travers les yeux des petites mains de l'administration : traducteurs, secrétaires, dactylos... Ceux-ci, réels ou fictifs, observent ce moment unique où la justice tente de faire face à l'ampleur des crimes nazis. L'auteur, sans doute nourri de sa propre expérience de grand reporter, restitue l’atmosphère tendue, parfois chaotique, d’un monde qui tente de reconstruire des repères après l’horreur. Au risque de survoler des figures majeures du tribunal ou des débats juridiques pourtant cruciaux, il préfère explorer les tensions humaines, les dilemmes moraux, et la frontière trouble entre trahison et loyauté, entre patriotisme et compromission. Dans ce monde en ruine qui tente de se reconstruire, juridiquement comme spirituellement, il interroge ainsi la capacité des hommes à nommer l’horreur et à rendre une justice équitable, dénuée de cette marque de vengeance qui trahirait l’idée même d’humanité.


Le procès, public, filmé et documenté, ce qui est alors inédit, dure presque un an. Onze mois durant lesquels, derrière la grandeur affichée, se cache une machine administrative tentaculaire. La complexité logistique qui pèse sur les épaules de ceux qui ne sont ni juges ni accusés est palpable, de même que la concurrence féroce à laquelle se livre la presse mondiale, sous couvert de camaraderie et de beuverie. Ce sentiment de chaos contraste fortement avec la solennité du procès lui-même. En effet, malgré les idéaux de justice, les hommes restent englués dans des systèmes absurdes, qui voient l’efficacité céder le pas à l’impuissance. L’enfer bureaucratique devient presque un personnage à part entière. Presque ?


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