Du 11 septembre au 13 novembre, du Brexit à Trump, « ils » n’avaient rien prévu.
Parce que l’indéterminé et l’aléatoire règnent sur les processus du vivant, et tout particulièrement au sein des rapports sociaux, les prétendus experts chargés d‘anticiper l’avenir politique et économique sont des charlatans, et leurs analyses relèvent de la même pertinence que l’astrologie.
Telle est la thèse de cet ouvrage rédigé de façon claire et persuasive, le tout saupoudré de beaucoup d’ironie mordante. Tout à fait d’actualité…


« De toute évidence, la dynamique du conflit libanais avait été imprévisible, et pourtant, il y avait une constante dans le raisonnement des gens qui observaient les événements : ceux qui se sentaient concernés par le problème semblaient pratiquement tous convaincus de comprendre ce qui arrivait. Il ne se passait pas un seul jour sans que se produise quelque chose qui déjoue complètement leurs prévisions, mais ils ne parvenaient pas à comprendre qu’ils ne l’avaient pas prévu. Avant de survenir, la plupart des événements auraient semblé complètement fous. Pourtant, après qu’ils s’étaient produits, ce n’était plus autant le cas. Cette plausibilité rétrospective incite à oublier la rareté et la probabilité de l’événement. Par la suite, je retrouvai exactement la même illusion de compréhension dans les situations de réussite en affaires et sur les marchés financiers.
L’histoire ne rampe pas, elle fait des sauts
Plus tard, lorsque je formulai mes idées sur la perception des événements aléatoires et repassai dans mon souvenir les événements de la guerre, j’acquis la nette impression que notre esprit est une fabuleuse machine à expliquer capable de donner un sens à presque tout, de bâtir des explications pour toutes sortes de phénomènes, et généralement incapable d’accepter l’idée d’imprédictibilité. Ces événements étaient inexplicables, mais des gens intelligents se croyaient capables d’en fournir des explications convaincantes – après coup. »


Le Cygne Noir suivi de Force et fragilité
1re édition, Nassim Nicholas Taleb , 2011, Ed. Les Belles Lettres, p.67.

ThomasRoussot
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le 13 nov. 2016

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