Quel livre étrange que ce Denier hiver de Barberousse ! Publié chez un petit, editeur JMDesbois, il est écrit à deux mains : Véronique Autheman, historienne et professeur et présidente de l'association Kleio en Provence et Raymond Vinciguerra, metteur en scène et auteur de théâtre. On peut alors tenter de s'amuser à deviner qui a écrit quelle partie !

Il faut le dire d'emblée, j'ai acheté le livre en raison de son titre, car j'étais intéressé par le personnage de Barberousse, et si c'est votre cas aussi, vous allez être déçus, comme moi, car le titre est quelque peu trompeur. S'il va être question ici et là de Barbaros, ce sera surtout à la fin, et finalement très peu. En effet, le scénario de ce livre est construit en plusieurs arcs narratifs et l'un d'entre eux est un complot ourdi par le connétable de Montmorency afin d'éliminer le Kapitan Pacha Barbaros qui mouille au large de la rade de Toulon, en raison de l'alliance du sultan Süleyman le Magnifique avec François 1er contre l'empereur Charles Quint.

Pour cela, il envoie le jeune Arnaud de Queyran le chevalier Castillon pour veiller à ce qu'il remplisse bien sa mission. Il y a un autre arc narratif qui suit un jeune tourangeau, Guillaume Launay, fils d'un négociant en vin qui doit venir en terre de Provence pour se procurer un cépage pour le Roi. Il croisera la route des Queyran, Arnaud d'abord puis son frère Pierre, homme de science qui ne jouera pas de véritable rôle dans l'histoire. Un autre arc narratif concerne Luca Martelli, peintre fictif ami de Giorgio Vasari, et borgne par la faute de Benvenuto Cellini (artiste réel celui-là), qui doit quitter la ville de Rome pour un meurtre qu'il a commis. Il se rendra jusqu'à Nice où il participera à la résistance contre la ville attaquée par le corsaire Barberousse pour le compte du Roi de France. Blessé, il se retrouvera à Toulon et fera la connaissance des Queyran et de Launay, et aussi de la famille du grec Démétrios qui tient auberge, de sa belle-sœur Dora, et des trois sœurs Agathe, Sofia et Irène qui montre un talent certain pour la peinture.

Si le début est intéressant, avec un vrai travail d'écriture sur le parler de l'époque, et annonce de belles aventures, ce souffle épique s’essouffle peu à peu, jusqu'à ce que les aventures se résument à des aventures culinaires (et sexuelles) dans la maison de maitre Démétrios. Car le récit est bien souvent rabelaisien. De nombreux repas et banquets sont décrits avec précision et ont l'effet de donner l'eau à la bouche. Il y a aussi un peu des Rois maudits, en particulier dans cette histoire de complot, et aussi un peu de Fortune de France, notamment sur l'effort de la langue, mais aussi certains personnages. Cependant, à partir de la moitié du livre, on commence à s'ennuyer un peu. Certains passages sont assez plats et assez inutiles. On a l'impression que Vinciguerra a donné de la vie au livre par ses nombreuses scènes de ripaille, alors que l'écriture de Autheman est un peu trop scolaire.

Si l'on en apprendra sur l'alliance entre François premier et le sultan ottoman, on restera néanmoins du côté français, et on n'en apprendra pas beaucoup sur les ottomans et guère plus sur le personnage pourtant fascinant et légendaire de Barberousse.


Hunkarbegendi
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le 19 janv. 2025

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