Dans ce troisième tome, Jack Vance poursuit son exploration des espèces dominantes de Tschai en s’attachant cette fois aux Dirdir. Contrairement aux Chasch, qui reposent sur une perception olfactive exacerbée, ou aux Wankh, régis par leur esprit collectif et leur vision infrarouge, les Dirdir apparaissent comme des prédateurs suprêmes. Spécialistes de la chasse, héritiers d’anciennes bêtes fauves, ils incarnent une civilisation à la fois tribale et d’un égoïsme farouche, mais dotée paradoxalement de la technologie la plus avancée de la planète.
Ce tome marque un léger basculement par rapport aux deux précédents : l’exploration passe au second plan pour laisser place à un récit tendu, centré sur la quête d’argent et les redoutables chasses organisées par les Dirdir. Le suspense est constant : on sait que les protagonistes survivront — le genre l’impose —, mais Vance réussit malgré tout à maintenir l’incertitude, à multiplier les rebondissements, et à entretenir le désir irrépressible de tourner les pages.
Quelques détails marquants enrichissent ce volume : la remarque sur une planète où tout le monde parle la même langue, comme si Babel n’y avait jamais eu lieu, ou encore la critique sociale de la grande cité industrielle, grouillante d’indifférence et de calculs égoïstes, qui fait écho à nos propres sociétés modernes.
Le Dirdir confirme ainsi la richesse du cycle : derrière le vernis d’un roman d’aventures palpitant, Vance dresse une métaphore acerbe de l’humanité et de ses dérives, sans jamais sacrifier le souffle narra