Avant ma relecture en 2019, j'avais oublié que nos chemins s'étaient déjà croisés dans une autre vie. J'étais peut-être trop jeune à l'époque pour entendre ce que tu avais à me dire. Tu étais insaisissable, la brume d'une soirée. Lorsqu'on m'a reparlé de toi, il y a deux jours, j'avais oublié jusqu'à ton existence. J'ai couru te chercher, sans à priori, et sitôt rentré à l'appartement, je me suis plongé en toi. Là, miraculeusement, dans le silence de la nuit, tout m'a semblé limpide. Je me suis laissé porter par les vagues de tes tourments intérieurs. J'ai compris ce qui nourrissaient tes bizarreries, le passé qui ressurgit des abysses, les pensées obsédantes, la recherche illusoire d'une pureté absolu et le dégoût humiliant de toi-même que tu essaies de noyer en poursuivant les beautés les plus douces.
Bref la nuit était intense. Et je suis heureux pour une fois, de ne pas avoir attendu des semaines avant d'oser te parler. On remet ça quand tu veux. Peut-être avec les belles endormies.