"Le petit livre de l'empereur" fait parti de la fratrie "petite poche" aux éditions Thierry Magnier. Cette collection est composée de "micro-roman" plus petits encore que les romans en format poche, qui peuvent réellement se glisser dans une poche de pantalon, et proposent de très courtes histoires d'environ 45 pages contenant quelques phrases tout au plus. J'affectionne cette collection pour plusieurs raisons:


1- Idéal pour les classes d'accueil, qui ont besoin de courtes histoires sans illustrations pour leur allophones en francisation, avec un vocabulaire accessible.

2- Intéressant pour les lecteurs avec défis, soit ceux et celles qui détestent lire ou ceux et celles pour qui c'est un défi de traitement ( Troubles DYS). La police n'est ps gigantesque, mais elle n'est pas petite et serrée.

3- Une bonne idée pour les périodes de lecture courtes, les biblio-classes qui ont besoin de plusieurs livres à petit budget ( 6.95$ canadiens chaque).

4- Contiennent de plusieurs genres littéraires entre 6 et 12 ans ( lectorat intermédiaire) généralement universelles sur leurs thèmes, parfait pour adapter les jeunes comme les plus vieux.



Exception pour ce livre-ci, je l'ai placé en littérature adolescente, en raison du sujet.



Dans ce roman-ci, il est question d'Adali, qui retrouve son père, l'Empereur Assami, sur son lit de mort. Le vieil homme l'a désigné, lui, l'aîné, comme le veut la tradition, et lui confie un dernier conseil: "Mon fils, n'oublie jamais que l'écho du passé éclaire le présent", en lui confiant la clé de la bibliothèque. Le jeune monarque va y trouver les expériences passées des autres monarques, qui pourraient le guider dans ses décisions. Couronné, marié presque aussitôt à une femme, chargée, selon ses dires, "de porter sa descendance", Adali commença une vie qui semblait ne plus vraiment lui appartenir, entre les nombreuses leçons tenues par divers professionnels, aiguisant sa pensée, nourrissant son savoir, afin de régner en juste. Il du faire face aux affres de la guerre, à laquelle il ne s'habitua pas. Tourmenté, il s'octroya, contre la tradition d'honorer le lit conjugal chaque nuit, une nuit en solitaire entre chaque pleine lune. Après tout, son père ne lui avait-il pas dit de réfléchir avant d'agir? Et quelque part dans cette réflexion, il en vient à penser qu'il devait coucher par écrit son histoire, ses faits comme ses pensées, seul façon de perpétuer le souvenir de l'homme qu'il est, au-delà de l'Empereur.



Attention, divulgâche.



Contre la tradition, une fois encore, Adali apporta un changement. Quand il devient à son tour âgé et sur son lit de mort, il fait venir son fils cadet. C'est à lui qu'il confiera les rênes du pouvoir, lui auquel il va confier cet ouvrage qu'il a commencer à écrire et qui lui revient à présent. Il lui incombe maintenant d'écrire la suite, avec cet ultime conseil: "Si faut penser pour agir, penser n'est pas agir".



Comme vous pouvez le constater, avec son fort accent philosophique et ses implications gouvernementales, je ne crois pas que ce micro-roman soit compréhensible aux plus jeunes lecteurs, aussi l'ai-je catégorisé en littérature adolescente. Nous avons une fable intergénérationnelle où il est question de devenir un juste meneur et des difficultés inhérentes à cette responsabilité. Pour Assami, sa préoccupation était que son fils sache utiliser sa pensée critique et son savoir pour éclairer son chemin vers de bonnes décisions. En revanche, Adali semble avoir trouver qu'il a passer beaucoup de temps à cogiter et peut-être moins à agir? Peut-être a-t-il été un monarque anxieux, si soucieux de prendre "la" bonne décision qu'il avait l'impression de ne pas être à la hauteur? Il a cependant fait quelque chose d'audacieux: Il a briser des conventions. Il en a le pouvoir. Les traditions peuvent devenir le socle de croyances et de culture, mais elles sont aussi des entraves au progrès, parfois. Or, c'est à ces entraves que semble avoir beaucoup réfléchit Adali. C,est finalement sur son second fils que s'est porté son choix. Peut-être est-ce encore là l'apprentissage et la conclusion qu'il a tiré de toute cette expérience? Peut-être que finalement, ce qu'il trouve de mieux à faire comme empereur est de s'assurer que sa nation est entre les "bonnes mains", et non pas "les mains qui y on droit de part la tradition".


En outre, j'aime le genre d'homme qu'à été Adali, malgré la brève histoire que l'on a de lui. Il a fait preuve d'humilié en acceptant les conseils de personnes expérimentées, il a fait preuve de justice en priorisant ses sujets, condamne la violence quand il y a fait face et a toujours chercher à être une meilleure version de lui-même. Heureux mélange de traditions et de modernité, peut-être était-il la version la plus actuelle de lui-même quand il a choisi son cadet, car il faut du courage pour apporter des changements et devenir une source d'inspiration aux yeux de tous. En ce sens, Adali est un homme digne d'être mentionné pour le modèle de genre qu'il représente, loin des gros mâles alphas couillons, égoïstes et centré sur leur ego qui gangrènent les romans ado et jeune adulte en ce moment ( et je déteste férocement).


Enfin, j'aime le thème du legs entre ces hommes de pouvoir qui aspirent à la sagesse, une vertu sous-estimée ces temps-ci et qui me semble une belle voie vers un meilleur équilibre entre les humains. Le tout m'a inspiré un univers du Moyen-Orient ou du Proche-Orient, dans un décor soit inspiré de l'Empire Perse ou Ottoman. Comme on ne sait pas où nous sommes, ce pourrait être autant du Fantasy que de l'inspiration historique.



Comme toute les Petites Poche, le livre vient avec deux suppléments: Un outil de repérage, dans lequel on peut avoir des infos, des vidéos, des actualités sur la collection, ainsi que ce que je trouve vraiment intéressant: Des fiches pédagogiques, à télécharger gratuitement, pour "donner des pistes pour travailler différents titres de la collection, en primaire comme au collège ( Intermédiaire et début ado donc, 8 à 14 ans, pour le système québécois). Le site propose en outre de partager des expérience professionnelles.

Le site: petite.poche.fr



Ce roman-ci est destiné au lectorat adolescent, à partir du 1e cycle secondaire, 12-15 ans+



Catégorisation: Roman Fantasy français, littérature jeunesse adolescente, 1e cycle secondaire, 12-15 ans+

Note: 7/10

Créée

le 13 juil. 2025

Critique lue 2 fois

Shaynning

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