Roman affligeant sur tous les points, une caricature grotesque qui échoue lamentablement à saisir la complexité du pouvoir russe et encore moins de Vladimir Poutine. L’auteur, manifestement dépassé, nous donne un récit d’une superficialité affligeante, saturé de clichés, de trous dans la chronologie de plus de 10 ans et d’un mépris pseudo-élitiste qui trahit son ignorance crasse de la Russie.
Citer Boulgakov, Tolstoï ou Tourgueniev est pertinent et intéressant, mais les lire c'est mieux.
On a la désagréable impression que l'auteur a regardé une compilation de reportages sur les chaînes du groupe TF1 pour rédiger son roman.
Quelques conseils pour muscler son jeu:
1. Approfondir les relations russo-allemandes. Se borner à recycler l’anecdote éculée du labrador de Poutine effrayant Angela Merkel en 2007, comme si ce détail trivial pouvait résumer une relation géopolitique tissée d’enjeux énergétiques et historiques. Pas un mot sur la période de Poutine à Dresden au sein du KGB, où il a notamment démontré parler couramment l’allemand. Rien non plus sur son rôle dans le partenariat BASF-Gazprom, qui a donné naissance à Nord Stream, un pilier de l’influence russe. Ce dernier qui a explosé en 2022.
2. L’intervention russe dans le guerre civile syrienne qui a conduit à maintenir Bachar el-Assad au pouvoir.
3. La présidence de Dmitri Medvedev (2008-2012). Cette période, marquée par une modification constitutionnelle permettant à Poutine de prolonger son emprise sur le pouvoir grâce à son clan, est essentielle pour comprendre les rouages du Kremlin.
4. Parler du "Tsar" Poutine sans faire mention de l’Église orthodoxe, pilier de l’identité et de la politique russes sous Poutine, est totalement aberrante. Déjà qu'il ne connaît rien à la Russie contemporaine, pas besoin de faire mention à l'empire Russe d'avant 1917, sujet qui le dépasse complètement. Pourtant l'auteur Boulgakov, qu'il cite, avait écrit sur le sujet...
5. La prépondérance de la complexité géographique dans l'exercice du pouvoir russe, notamment l’administration des républiques, oblasts et kraïs, un système fédéral tentaculaire qui exige une gouvernance sophistiquée pour maintenir l’unité d’un pays s’étendant sur onze fuseaux horaires.
6. La vision des Russes complètement simpliste: des rustres sans goût, parés de marques de luxe ostentatoires et buveurs de vodka.
Et dernier sur Paris, ville qu'il semble aussi méconnaître:
7. L'affirmation que le pire que l'on risque à Paris serait de dîner dans un mauvais restaurant, il ne me semble pas que la ville s'arrête aux confins du 6e arrondissement.
En résumé: si vous voulez ne rien comprendre à la Russie d'après 2000 mais avoir pleins de certitudes, ce livre est fait pour vous.