Le matin où j'aurais dû mourir est la première traduction française de l'écrivain bosnien Semezdin Mehmedinovic, aux éditions Le bruit du monde, tout nouvellement créées à Marseille et qui publieront notamment le quatrième roman de Anna Hope, lors de la rentrée littéraire 2022. Le matin où ... est présenté comme un roman mais il serait sans doute plus juste de parler de récit autobiographique même si sa part de fiction nous est inconnue. Pour l'essentiel, il s'agit d'une œuvre intime, celle d'un Bosnien qui a vécu le siège de Sarajevo avant d'émigrer aux États-Unis. Et si le livre se déroule sur le sol américain, il est imprégné des origines et des souvenirs de l'auteur (on pourrait reprendre le titre de Sarajevo Blues, qu'il a publié après la guerre en ex-Yougoslavie). A travers les trois parties qui composent Le matin où ..., il est beaucoup question de la mémoire, celle que l'on a de ses propres sentiments passés et de ces petits riens qui marquent le quotidien, à travers le vieillissement et la maladie (celle du narrateur puis de sa femme) mais aussi via la transmission à un fils qui n'a passé que peu d'années de sa vie en Bosnie. Ce livre tout en humilité et en étonnement (pour le mode de vie américain même après deux décennies passées sur son sol) se déploie élégamment dans un style très fluide et raconte à sa manière, très slave, le déracinement et la nostalgie d'une époque révolue qui s'est achevée dans le feu et le sang. La frustration de certains lecteurs, d'ailleurs, viendra sans doute de l'impression que l'écrivain n'en dit pas assez sur ce passé qui l'a façonné, si ce n'est sous forme de vignettes trop brèves. Semezdin Mehmedinovic est revenu vivre à Sarajevo il y a un peu plus de 2 ans (un certain temps après la première parution de Le matin où ...) et avoue dans ses interviews s'y sentir un peu comme "un étranger", tellement la ville a changé. Une impression qui pourrait bien constituer le point de départ de son prochain "roman", non ?

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le 8 juin 2022

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