Une idée visionnaire tuée dans l’oeuf. Voilà comment résumer ce livre. Son concept prometteur préfigurait la dystopie ultime… Et pourtant. Passées les premières pages, l’élan de créativité s’essouffle, découvrant un scénario convenu.
Le Meilleur des Mondes raconte l’histoire d’une civilisation humaine asservie dès sa naissance pour garantir l’équilibre de la société. L’idée est transcendante, novatrice, révoltante, horrifiquement brillante. Au delà de son potentiel scénaristique, elle promet une réflexion philosophique et sociologique vertigineuse.
L’auteur n’en extraira pourtant que si peu de choses originales. L’histoire, d’abord, ressert le cliché du sauvage plus humain que la civilisation qui le traitait comme une bête. Le timing des rebondissements ensuite, souffre de quelques maladresses. Le chapitre 6 nous révèle l’existence de l’enfant caché du directeur, lequel est immédiatement découvert au chapitre suivant.
Malgré cela, le livre parvient à se faire pardonner. Les multiples inventions venues enrichir l’univers sauvent le récit, du Cinéma Sentant à l’utilisation du soma. Le concept de base est si bon que le roman demeure difficilement critiquable. Et enfin, le monologue final de l’Administrateur, d’une justesse absolue, semble être un miroir à la géniale introduction, faisant parler l’auteur à sa place.
À croire que j’étais conditionné à aimer ce livre dès les premières pages.