Frédéric Debonaloi

Objet livresque que j'ai lu - le style est affreusement scolaire, pour ne pas dire soporifique - comme une vulgarisation de la philosophie spinoziste, ce qui ne m'a éclairé ni sur la pensée du philosophe hollandais, ni sur ma vie. Introduction à la théorie des affects de Spinoza, il s'adresse à un très large public ; aussi mérite-t-il certainement son succès.

Ce livre naïf et partiel que, Dieu merci, j'ai emprunté plutôt qu'acheté, ne vous apprend pas grand chose si vous avez déjà lu le Traité Théologico-politique et l'Ethique, ou bien ce qui s'est écrit sur Spinoza dans telle ou telle revue de philosophie. Si ce n'est pas le cas, et si vous voulez être introduit à Spinoza, je vous encourage à aller jeter un oeil sur le blog de philosophie de Jacques Darriulat : http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Spinoza/IndexSpinoza.html ou encore cette conférence à propos de Spinoza qui aborde la réception de son oeuvre et l'intérêt que des contemporains ont éprouvé pour lui : https://www.youtube.com/watch?v=qZ_tIx58oVI

L'auteur a décidé de commencer par une petite biographique qui renseigne le lecteur sur les tensions religieuses que l'hérétique Spinoza a connues, lui, ainsi que sa famille, sur l'environnement familial et social donc, et également sur la manière dont sa pensée, fort critique vis-à-vis des positions religieuses monothéistes, s'éloigne progressivement des idées communes et véhiculées par les détenteurs de la bien-pensance, ce qui par conséquent provoque son excommunication.

Dans le seconde partie, Lenoir poursuit, égocentriquement, c'est-à-dire à sa sauce - une sauce à l'encre de seiche, je suppose -, sur une explication de la philosophie de la joie de Spinoza avec de nombreuses considérations sur le rapport Spinoza/Jésus-Christ et les autres religions. Fastidieux, lourd, lenoirdesque plus qu'éclairant, il ravira toutefois les âmes qui n'auront jamais lu une ligne du philosophe : elles auront l'impression de le comprendre!
Je n'ai retenu en ce qui me concerne qu'une chose de ce bouquin : c'est, ou cela m'est apparu comme étant un fouillis douteux et incomplet d'informations en lien avec une petite partie de la philosophie de Spinoza.

Passez donc votre route, braves arpenteurs ; préférez les chemins escarpés et lisez directement Spinoza, Deleuze, Macherey, Misrahi, voire simplement le livre de Vincent Delbos Le Spinozisme (sept euros moins cher que celui de Lenoir). Miracle, nous indique le titre... oui, miracle du best-seller, de la publicité et des critiques éhontément élogieuses (voir celles des membres n'en ayant posté qu'une seule : celle à propos du livre en question).

Dehors, ô toi crapule que l'on a proclamé philosophe, malandrin de l'écriture, faux-monnayeur du savoir, même un malhonnête étudiant en khâgne, que dis-je!... même un bachelier littéraire un peu scrupuleux n'aurait pas lu ce livre jusqu'à la fin !