Le roman moderne, genre cannibale indispensable pour rendre compte de la complexité du monde.

Il existe dans l’œil humain une petite portion de la rétine totalement dépourvue de photorécepteurs et qui est ainsi complètement aveugle. De même il existe depuis le Quichotte un type de romans que Javier Cercas appelle les romans du point aveugle, qui recèlent en leur centre une indétermination, à partir de laquelle tout le livre rayonne. Cette indétermination centrale est une question morale, et la finalité du roman n’est pas d’apporter une réponse à cette question ; il est l’exploration de la question elle-même.


«Le roman n’est pas un genre responsif mais interrogatif : écrire un roman consiste à se poser une question complexe et à la formuler de la manière la plus complexe possible, et ce, non pour y répondre ou pour y répondre de manière claire et certaine ; écrire un roman consiste à plonger dans une énigme pour la rendre insoluble, non pour la déchiffrer (à moins que la rendre insoluble soit précisément, la seule manière de la déchiffrer). Cette énigme, c’est le point aveugle, et le meilleur que les romans ont à dire, ils le disent à travers elle : à travers ce silence pléthorique de sens, cette cécité visionnaire, cette obscurité radiante, cette ambiguïté sans solution. Ce point aveugle, c’est ce que nous sommes.»


La suite sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/11/16/note-de-lecture-le-point-aveugle-javier-cercas/

MarianneL
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le 16 nov. 2016

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