Nous sommes partis pour la dernière ligne droite, le dernier tome (séparé en deux parties ; parce que ce ce qui se fait de mieux ces derniers temps) de la saga de Brent Weeks : Le Porteur de lumière, ici le cinquième tome Le Blanc incandescent. Continuons à le dire, cette série littéraire demeure toujours aussi passionnante, tant par sa "nouveauté" (c'est dangereux de parler originalité pour de la Fantasy) que par son écriture néanmoins, car il faut qu'il y en ait un, je dois avouer ne pas avoir retrouver la même sensation, le même plaisir de lecture avec ce tome et ce, pour des raisons bien étranges... Le Porteur de lumière est toujours aussi divertissant mais ce divertissement semble régresser lentement.


Libéré de sa propre prison, Gavin Guile, pour sauver tout ce qu'il aime, est forcé d'entamer un voyage qui le mènera jusqu'à Orholam Lui-même et de faire ce qu'on lui a ordonné d'accomplir, quitte à détruire le monde tout entier. Un monde qui s'écroule déjà dangereusement avec l'arrivée des armées du Roi Blanc devant les portes de la Chromerie. De son côté, Kip tente désespéramment de rallier de nouvelles forces pour venir en aide aux Jaspes.
Pas plus de spoil !


Si le tome précédent (Le Miroir de Sang) laissait la place à Kip dans le rôle du personnage principal par excellence ; étant celui qui avait la plus notable des évolutions, ce tome se permet la légendaire et basique fragmentation de personnages : tous les protagonistes que l'on suit et qui sont importants pour l'histoire sont désormais séparés par les kilomètres et les emmerdes. De ce fait, on passe d'un personnage à l'autre pour raconter ce qui arrive à tel ou à tel... De ce point de vue là, j'espère ne rien apprendre à personne, c'est une pratique plus que courante dans la littérature, pour ne pas dire essentielle. Le problème, c'est que je ne m'y suis pas fait, à cette fragmentation là en particulier. Pourquoi ? La raison est assez obscure mais j'ai, à la lecture de ce tome, la désagréable impression que les personnages ne sont plus aussi intéressants que cela, du moins par rapport aux premiers tomes. C'est à nuancer, il va sans dire (et ce sera détaillé dans le prochain paragraphe) mais le format d'aller-retour entre les personnage dans cette configuration m'a plus dérangé qu'autre chose, d'autant plus que Brent Weeks poursuit à nous incorporer dans son récit des passages, des séquences passées, racontant des passages notables de la vie d'Andross Guile uniquement. De quoi apporter une forme de dislocation à la fragmentation déjà mise à rude épreuve à cause de mes attentes de lecteurs. Et ce mal l'aise vis-à-vis de cette structuration entraine inévitablement une forme de retrait vis-à-vis de l'histoire contée. Alors certes, pour du Brent Weeks, pour du Porteur de lumière, elle reste largement exceptionnelle mais il manque quelque chose, une sorte d'entièreté mise à mal pour cette volonté de suivre plusieurs personnages à la fois, des personnages qui ne sont pas tous égaux en terme de richesse d'évolution et de sensation à véhiculer - et c'est de là que vient véritablement tout le problème. L'histoire est elle-même demeure sympathique avec les retournements de situation qu'on lui connait (même si, dans ce tome, ils sont tout de même moins présents) et la richesse de ce monde, et ce sur de nombreux domaines (religieux, politique...). De quoi prouver que Brent Weeks sait de quoi il parle.


Mais revenons au problème majeur selon moi : les personnages.
Alors, ils n'ont pas changé depuis les premiers tomes, de ce point de vue là, pas de surprises. On s'est habitué à eux, à leur caractère, à leur relation... Alors pourquoi entamer une sorte de chute maintenant ? Pour commencer par le personnage emblématique de la saga : Gavin Guile. Il n'est plus que l'ombre de lui-même et ça se ressent, on le lit assez aisément et, à vrai dire, en soi, c'est une excellente mise en abyme si elle est voulu. Le fait de ressentir une forme de "désintérêt" pour ce personnage qui avait, à juste titre, illuminé les premiers tomes et qui, aujourd'hui, n'est plus rien, est intéressant, et en un sens, ça consolide presque l'attachement qu'on a pour lui, paradoxalement. Mais je ne me voilerai pas la face, il est loin le temps où le Prisme était éclatant, même sa répartie lui fait défaut et il faut attendre malheureusement le dernier chapitre de ce tome pour que l'on s'apitoie sur son sort avec les dilemmes cornéliens qui le font ployer.
Pour Kip, on oscille entre le Kip nouveau, fraichement commandant d'une armée imposante, satrape en devenir, possible prochain Prisme, plausiblement Porteur de lumière et le Kip d'avant, le défaitiste exacerbant qui n'a en tête que de se rabaisser. Et la superbe qu'il avait réussir à acquérir dans le tome précédent semble s'estomper alors que s'agite tout ce qu'il faut pour qu'il soit porter par le scénario comme grande figure de cette saga mais là encore, à l'instar de Gavin, il faut attendre l'avant-dernier chapitre pour qu'il parvienne à susciter un renouveau d'intérêt, un retour de majesté.
Karris est la grande perdante dans ce tome, à mon sens. Si l'entrée dans le monde du Blanc avait plutôt bien été apporté, amené dans le tome précédent, on aurait pu s'attendre, dans celui-là, à des remords, des réflexions, des questionnements quant à son nouveau poste, à une continuité au tome précédent. Alors, on les a, ces questionnements, ces réflexions, ces périodes d'espoir perdu... mais ils sont drastiquement amoindris émotionnellement. Ils sont présents sans pour autant dire qu'ils sont là, et pour un personnage tel que le Blanc, pour l'héritière de Orea Pullwar, la seule sensation, la seule conclusion qui nous vient en tête, c'est que Karris n'a vraiment pas les épaules pour être digne de ce titre. Un contraste qui fait mal quand le "couronnement" de Karris avait été éclatant.
Mais heureusement, il est un personnage qui parvient à trouver des lettres de noblesse, à obtenir une évolution intéressante et travaillée (non que les autres ne le soient pas !) : Teia. C'est la seule qui parvient à nous accrocher à la lecture à chaque fois que l'intrigue se porte sur elle. Se porte, ou plutôt s'écrase sur elle. Elle subit tellement d'atrocités que l'empathie fonctionne à merveille, on est avec elle dans ses moments de doutes et de détresse et franchement, c'est tout ce que l'on souhaite : être au plus près de ce personnage, de ressentir la peur qui la paralyse, se confronter aux mêmes choix qu'elle... De tous, c'est Teia qui s'en sort le mieux (paradoxalement là aussi, quand on voit ce qu'elle se prend dans la figure) d'un point de vue construction de protagonistes.
Pour les autres personnages plus secondaires, à l'image de Tisis, les Invincibles, Andross Guile... Disons qu'ils ont tous leur haut et leur bas sans réellement avoir un impact positif ou non sur notre lecture, du moins, une fois encore, à mon sens.


Le Blanc incandescent n'est, fondamentalement, pas un mauvais tome mais il faut avouer qu'il laisse perplexe quant on se souvient que le quatrième tome était parmi les meilleurs de la série. Dans l'ensemble, il donne surtout l'impression d'être un tome de transition, comme si Brent Weeks avait prévu un sixième (et dernier) tome exceptionnel mais qu'on lui avait tout de même demandé un cinquième tome pour la forme, alors il l'a rempli comme il a pu. Un tome de remplissage, quand bien même cela ne me plaît guère de le reconnaître ainsi. Il 'en demeure pas moins, que d'une main de maître, ce cinquième tome passionne et divertisse les lecteurs. Il est juste dommage de ne pas ressentir la même ferveur véhiculée par les premiers tomes mais, si ce genre de lecture est possible, ce manque d'enthousiasme peut très bien illustrer à la perfection les événements à venir : des faits qui ne laisseront personne intact.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 29 déc. 2021

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