Les mots sont faibles pour décrire la puissance inouïe de ce roman. C'est une lecture bouleversante et édifiante. Une relecture sublime d'Antigone de Anouilh. Mais pas que. Antigone n'est qu'un prétexte, pour Chalandon comme pour Georges. Pour Georges, éternel étudiant, petit bobo parisien de gauche, complexé de vivre dans un pays en paix où il n'a rien d'un héros, Antigone va lui permettre de fuir sa petite vie tranquille au nom d'une promesse insensée faite à un ami mourant. Pour Chalandon parce qu'Antigone, "la petite maigre, qui est assise là-bas et qui ne dit rien" est magnifiquement actuelle, pcq avec elle, il place sa tragédie dans la tragédie. Sublime mise en abîme : une guerre fratricide comme décor pour la sœur d'Etéocle et Polynice. Avec elle, il nous emmène dans les entrailles de cette guerre, frère contre frère, pour mieux en dénoncer son caractère insensé et sa violence. La plume est simple et directe, elle ne s'encombre que de l'essentiel. Les personnages sont fins, complexes et approfondis. Le récit est captivant.
Point de doute, Antigone c'est le Liban, cette âme sacrifiée sur l'autel de la haine fraternelle.