« Le relais d’Alsace » (1931) est le 11e roman (sur 192), écrit à 28 ans, à Paris, par Georges Simenon (1903-1989). C’est le 2e de ses « romans durs » (sur 117, c’est-à-dire sans Maigret, héros de 75 romans). Etonnement, il n’a pas fait l’objet d’adaptations, ni au cinéma, ni à la télévision. On sent que Simenon est à ses débuts : le roman repose sur une enquête policière menée par le commissaire Labbé des Renseignements Généraux, assez proche du commissaire Maigret (lui aussi apparu en 1931), recherchant des preuves mais aussi écoutant les protagonistes. L’histoire est courte, se déroulant sur quelques jours, en automne, et se déroule autour du col de la Schlucht (1139 m), proche du Hohneck (3e sommet du massif des Vosges, à 1363 m d’altitude), situé à 13 km de Gérardmer (Vosges) et 28 km de Munster (Haut-Rhin), et qui faisait office de frontière entre la France et l’Allemagne avant la Première guerre mondiale. Là, se font face, d’une part, le Relais d’Alsace, restaurant tenu par M. et Mme Keller avec un cuisinier et 2 serveuses, les sœurs orphelines, Gredel (16 ans) et Lena (18 ans), et d’autre part, le Grand Hôtel, destiné à une clientèle plus aisée que le Relais (sans électricité, d’où l’éclairage à la lampe à pétrole, et sans eau courante, fréquenté par les randonneurs et les chauffeurs). L’intrigue, avec de nombreux rebondissements, tourne autour de Serge Morrow, 50 ans, policé, polyglotte, qui loge depuis 3 mois au Relais d’Alsace, et qui est soupçonné, d’une part, d’être l’auteur d’un vol de billets de banque (60 000 F) dans la chambre du couple néerlandais, Carl et Nouchi Van de Laer, au Grand Hôtel, et d’autre part, d’être, un escroc international, surnommé le Commodore. Simenon en fait une sorte de gentleman cambrioleur comme Arsène Lupin [créé en 1907 par Maurice Leblanc (1864-1941)], volant les riches avides de gains faciles. L’analyse psychologique, certes moins fouillée que dans les romans durs ultérieurs, est bien présente, avec peu de des mots : Serge Morrow, à la recherche de plaisirs simples, regrettant d’être pris pour un homme modeste et pauvre, l’âpreté au gain de Mme Keller et du brasseur Kampf, l’opiniâtreté de Labbé qui peut faire preuve d’empathie (comme Maigret).