"J'aimerais que tous ceux qui auront été convaincus par ces pages, même si ce n'est qu'en partie, et à qui je n'ai rien dissimulé, soient devenus maintenant pour moi comme des alliés, des âmes soeurs."



Mais comment as-tu fait, Andreï ? Tu m'as tenu de bout en bout sur le fil de ta plume, et dans tes dernières lignes, tu me parles encore. Moi qui pensais justement que tout ce que tu avais dit, et que tu disais encore, me parlait comme si tu étais dans ma tête, et que les lignes que je parcourais ne venaient pas de toi, mais plutôt de moi. Et tu arrives, à la toute fin, à savoir exactement ce que je voulais que tu dises : que ce que tu écrivais, que ce que tu étais, était moi.


Il y a un passage, que je ne citerai qu'en substance, qui m'a beaucoup marqué dans ce texte. Tu y dis, dans les grandes lignes, que celui qui désire se voir dans tes films comme dans un miroir le peut, puisqu'ils sont faits pour cela. Tu m'avais déjà bien ému avec tous tes films. J'avais l'impression que d'évidentes vérités parvenaient enfin à moi, des vérités inqualifiables, inexplicables. Seule l'image pouvait me les rendre. Ainsi, me jeter dans tes lignes me faisait un peu peur. Le Tarkovski en images me parlait suffisamment pour que je le considère comme une "âme soeur"; le Tarkovski en écrits le serait-il aussi ?


Je ne me fie pas aux traductions. Et ne pouvant lire le russe, je ne peux ressentir ton écriture. Tu dis pourtant que tu n'es pas écrivain : alors je me fonderai sur ton propos. Limpide. Critique du matérialisme, et plaidoyer pour un retour du spirituel, de l'esprit du sacrifice. Ce n'étaient pas des idées que j'avais auparavant, mais ce sont des idées assez simples et évidentes pour que je ne les repousse pas. Je les accepte donc, et m'en imprègne. Quand tu explicites tes films, je ne suis pas d'accord. Je les ai vus bien autrement que ce que tu as voulu en faire. Mais c'était justement là ton intention : comment as-tu deviné ?


Si je relisais le Temps scellé, je réécrirais une autre critique. Je m'arrêterai donc là dans les divagations romantiques. Mais tu me rends bel et bien romantique, Andreï, car j'ai bien l'impression que je suis devenu une de tes "âmes soeurs", à force de voir dans tout ce que tu fais des évidences.

Alexandre_Gauzy
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le 8 juin 2015

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Alexandre G

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