Le Tour du Propriétaire est le premier roman de Nicolas Fargues. Un livre vers lequel je me suis tourné après la lecture de Beau Rôle, écrit quelques années plus tard, et qui m’avait laissé un agréable souvenir. La lecture de ce premier roman est plus difficile, son écriture semble plus brouillonne, et son intérêt narratif est limité au point de vue sur le monde du jeune personnage immature que l’auteur nous raconte. À ses nombreux points de vues plus exactement, divers et sans lien, variés et disséminés au fil des pensées bazardes d’un récit de voyage anodin. L’imaginaire n’est pas la qualité première de l’essai.


Je vais le dire tout net, je n’ai pas aimé le personnage d’Alex. Ce jeune parisien sans épaisseur, en vadrouille en Indonésie, obsédé par l’écriture de son premier roman, se laisse porter entre indécision et mauvaise foi dans un voyage qu’il subit plus qu’il l’apprécie. Et l’écriture de ce narrateur misanthrope, se posant les mauvaises questions, autocentrées et régressives, m’a rebuté. De bout en bout. Le manque d’humilité du personnage est partout, et il est difficile de se concentrer durablement sur de mauvais jugements, de suivre avec plaisir le désintérêt, voire le mépris, d’un tel jeune homme pour la richesse d’un monde, d’un pays, d’une culture, qu’il ne connait pas.


Il faut maintenant admettre que pour le coup, la forme alors rejoint le fond.


Plus qu’un récit de voyage, Le Tour du Propriétaire est une étude de personnage. Nicolas Fargues dresse le portrait en situation de ce parisien que la France adore détester : toujours prompt à la critique, râleur pour la forme sans se convaincre lui-même. Ce voyage qui n’avance pas, parce qu’Alex n’avance pas, est une longue discussion avec l’espèce type du semi-mythomane qui n’exècre rien autant que son Paris, mais se rassure en se contraignant à ne prendre aucun plaisir à l’étranger. Alors, le tour du propriétaire de l’âme immature du personnage semble aussi vide que ses considérations sont plates. Alors le jeune auteur prouve qu’il maitrise un personnage. Allez savoir la distance entre Alex et Nicolas Fargues.


Il y a un déséquilibre dans l’histoire, en ce sens qu’Alex, malgré le voyage, les rencontres, et une once d’amour, ne change pas fondamentalement. Tout ce que gagne ce personnage est ce roman. Probablement un gros déclic pour Nicolas Fargues. Une anecdote pour le lecteur.


      Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 18 juil. 2015

Critique lue 124 fois

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