The King eats, and the Hand takes the shit.

Attiré par l’adaptation série, je me suis directement tourné vers la version originale du livre, après avoir lu un certain nombre de critiques déplorant une traduction lourde et parfois inappropriée. Si vous souhaitez lire ce livre, je vous invite à faire de même. Je n’ai pas lu la traduction, mais le style de G.R.R. Martin est clair et direct, presque tranchant, et le vocabulaire est simple dans l’ensemble.

Ayant déjà vu les deux premières saisons de la série, je connaissais déjà – plus ou moins – l’intrigue et les personnages, mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier le récit, qui se dévore littéralement et qui est présenté du point de vue d’une dizaine de personnages. On retrouve donc tous ces acteurs empêtrés dans une guerre de succession, tandis que des créatures terrifiantes s’éveillent au-delà du Mur, et qu’une reine exilée prépare son retour. Les uns doivent choisir entre honneur et amour, entre survie et devoir, et bien que l’on observe les événements par le biais d’une seule famille, ou presque, et donc avec un point de vue imposé, les « méchants » de l’histoire, pour ainsi dire, paraissent légèrement différents par rapport à leurs incarnations télévisées. Si la cruauté, la bassesse et le pessimisme restent bien ancrés dans cet univers, les motivations des différents protagonistes sont plus accessibles au travers de leurs pensées. Le trouble-fête difforme et sarcastique, la fillette perdue et aspirant à une autre vie que celle à laquelle on la destine, le bâtard cherchant sa place, ou encore le champion assassin de rois, présenté comme un véritable dégénéré dans la série, et qui n’est finalement pas si inhumain que ça, sont tout autant de personnages qu’on prend plaisir à suivre ou à observer indirectement, ces personnages qui évoluent dans un monde au passé lourd, que l’on entrevoit parfois au détour d’un rêve ou d’un souvenir (aime-moi tendre, aime-moi vrai) et dont l’avenir ne semble pas moins sombre et entravé d’épreuves, et où la magie et le mystère, évanouis et oubliés depuis longtemps, amorcent leur retour.