Le vaisseau des voyageurs , ou The Harvest , est un roman de science-fiction canadien écrit en 1992 par Robert Charles Wilson. Wilson est un auteur de sf singulier. Chez lui , les événements qui constellent les romans de ce genre littéraire ne sont pas les enjeux principaux , mais des toiles de fond qui permettent à des personnages terriblement humain d'évoluer entre leurs démons , et leurs espoirs. Je pense que cet homme est un génie , qu'il est à la science-fiction ce que Stephen King est au fantastique , et je pense cela depuis ma lecture de Blind Lake l'été dernier. Ce roman m'a fait comprendre que science-fiction ne signifie pas forcément austérité et politique , et qu'elle peut parfois traiter de nous , dans toute notre subtilité , beauté et atroce laideur.
Le vaisseau des voyageurs appuie sur ce constat , de tout son poid.
Un beau jour , aux quatres coins du monde , des vaisseaux sont apparus et se sont mit à stagner au dessus des grandes villes comme de silencieuses sentinelles. Comprenant qu'il était inutile de vouloir rentrer en contact avec ces coquilles apparemment vide , une fois le choc passé , la vie reprend à l'ombre de ces mystérieux visiteurs. C'est le cas à Buchannan , dans l'Oregon où le docteur Matt Wheeler , veuf et père d'une jeune fille , continue de pratiquer ses consultations. Jusqu'à la nuit du rêve durant laquelle chaque êtres humains sur la planète est contacté par les entités qui vivent dans les vaisseaux. Ces dernières leurs proposent une chose inédite : une vie éternelle , au paradis. Matt refuse ; ses proches acceptent unanimement.
Voila comment commence le roman , et je vous donne ici la version courte. Un humain sur dix mille refuse le marché , et c'est autour d'une poignée de ces récalcitrants que que va s'articuler le fil de la narration. Comment vivre après comme avant ? Comment aimer , ou haïr après comme avant ? Est-ce une fourbe technique de la part de ces étrangers pour subtiliser la planète à leurs propriétaires actuels , ou un acte de générosité cosmique ?
Ou est-ce que on s'en fout ? C'est cela la force de Robert Charles Wilson. Ce talent inouï pour le déclassement des problèmes , faisant passer le contact avec une race extraterrestre au second plan afin de nous parler , avant tout , des hommes et des femmes qui ont refusé ce marché. Le livre est long , mais loins d'être ennuyeux. Le rythme est simplifié , mais en aucun cas simpliste ; les actions s'enchainent journellement , avec peu de retour en arriere ou d'instants outrageusement lyriques.
Meme si j'ai pu déceler dans ce roman un certains nombre d'archétype , ils ne sont en aucun cas dérangeant. La finesse des renversements de situation , ou encore la subtilité de cette "extraction" extraterrestre évanescente , lente et mélancolique donne à cette oeuvre une seconde lecture mystique. Le début du roman est , par exemple , un long et magnifique chant du cygne , décrivant la disparition progressive de l'humanité et juste pour cela , ce livre vaut le détour.
C'est ma troisième lecture d'un Robert Charles Wilson - après Julian et Blind Lake - et surement pas la dernière. Cet homme est bon , sans doute l'auteur de science-fiction le plus eurythmique qui existe. Procurez vous Le Vaisseau des voyageurs et faites vous une idée.

Le-debardeur-ivre
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le 8 mars 2017

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