À travers l'ascension sociale d'Ondine Spragg, originaire de la bourgeoisie d'Apex mais bien décidée à conquérir New York et ses hautes sphères, c'est, comme souvent, un portrait corrosif de la haute société américaine que nous livre Edith Wharton.


Une fois n'est pas coutume, c'est une femme qui tiendra le rôle le moins sympathique du roman : cette Ondine à la fois naïve, inculte, égoïste, vaniteuse, calculatrice, mais qui sait charmer son monde et, reconnaissons-lui cette qualité, rebondir sans cesse devant les obstacles. Mais Ondine ne serait pas ce qu’elle est sans toute cette société corrompue par l'hypocrisie et les codes les plus absurdes, sans cette société dans laquelle elle se coule et se laisse enfermer - c'est une des caractéristiques étonnante d'Ondine Spragg de n'avoir aucun désir d’émancipation, contrairement à bien d'autres personnages féminins d'Edith Wahrton, ou du moins de ne pas savoir qu'elle aimerait, peut-être, s'évader de ce carcan qui l'étouffe mais qu’elle appelle de tous ses vœux, encore et encore.


Si bien que de robe en robe, de soirée en soirée, de mari en mari, Ondine, qui paraît tellement prédatrice au premier coup d’œil, tellement vide de tout sentiment, reste sur sa faim. Elle, qui passe sa vie à tenter d'obtenir "ce qu'il y a de mieux", ne saura jamais d'où vient ce goût d'insatisfaction qui la taraude.


Le style de Wharton est un plaisir, comme d’habitude. Toujours elle analyse, elle dissèque les sentiments, les frustrations, les comportements d'une plume raffinée mais sans concessions, mettant à nu les vicissitudes de cette haute société qu'elle a si bien connue. Un constat déprimant, certes, mais combien brillant et réussi. Une fois de plus.

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le 25 févr. 2016

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